Débat confiné avec la Jeunesse socialiste de Paris «C'est pendant les moments de crise que l'on entame les grandes réformes», a déclaré Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), samedi 18 mai, lors d'un débat confiné, autour du thème, «Comment faire face à l'incertitude pendant et après la crise Covid-19?», organisé par la Jeunesse socialiste, section de Paris et banlieues, et diffusé sur Facebook. Pour le leader du Parti du Livre, la situation est dramatique dans le monde entier et diffère d'un pays à l'autre, mais il faut reconnaître que pour l'heure, le Royaume a pu relever le défi malgré les conditions difficiles, en faisant allusion aux efforts déployés par les autorités publiques et les mesures proactive prises par l'Etat pour faire face à la pandémie, et ce grâce à la gestion clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI. Tout en rappelant qu'on est encore dans un stade nécessitant une certaine vigilance, le leader progressiste a mis en exergue le climat de confiance qui est en train de s'installer et la représentation positive que se font de plus en plus les citoyens à l'égard des institutions de l'Etat et ce loin de toute auto-flagellation. Une situation qui témoigne d'un changement positif dans les attitudes des citoyens à l'égard de plusieurs établissements publics, chose qui n'existait pas il y a peine quelques mois. Selon l'intervenant, il est inutile de rappeler les critiques acerbes et attaques systématiques dont faisait l'objet notre système de santé publique auparavant, alors que pour le moment, il tient le coup, en faisant preuve d'une capacité de résistance remarquable. L'intervenant n'a pas manqué d'émettre le souhait d'un aplatissement de la courbe pandémique dans les prochains jours afin d'éviter aux hôpitaux tout débordement. Benabdallah a salué aussi le rôle rempli par les forces de sécurité, qui sont à la pointe du combat à l'instar du corps médical, en assumant parfaitement leur rôle social: celui de faire respecter les consignes de confinement. Le dirigeant du PPS n'a pas laissé passer l'occasion pour évoquer les mesures prises par l'Etat dans le dessein de soutenir le tissu entrepreneurial qui vit une situation difficile inédite et les subventions apportés en faveur des salariés en cessation d'activités ou encore les aides fournis aux couches sociales défavorisées. Il s'agit des acquis qui ne devraient subir aucun recul dans l'avenir, a-t-il laissé entendre, tout en appelant à l'accélération du processus pour faire sortir le registre social unifié. Il faut dire, a-t-il indiqué que la capacité de l'Etat avec l'ensemble des services publics pour gérer la crise, non seulement au Maroc, a démontré les limites du secteur privé incapable en ces temps houleux à apporter des réponses concrètes aux effets économiques et sociales engendrés par la crise pandémique. Fragilité de la gouvernance mondiale Pour le militant du PPS, faute d'une réponse collective de la communauté internationale, la crise déclenchée par le Covid-19 a mis en avant le rôle crucial de l'Etat ou plutôt la place primordiale du service publique dans la résolution des problèmes et démontré la fragilité de la gouvernance mondiale. D'ailleurs, personne ne peut prédire l'avenir et la forme sous laquelle seraient les relations internationales après la crise, a-t-il affirmé. Chose certaine : la crise a atrophié les théories du libre marché et la réponse ne peut parvenir que d'un courant incarnant les idées de gauche et de progrès. Une réponse qui valorise d'ailleurs le rôle de l'Etat en tant que principal artisan des politiques publiques, secondé par un secteur privé devant être soumis aux grandes orientations stratégiques nationales, a martelé le chef de file du PPS. Valoriser la commande publique En termes plus clairs, les problèmes de demain ne pourront être résolus par des outils et des slogans surannés tant scandés par les chantres des équilibres budgétaires ou encore macroéconomiques, vu l'étroitesse de leurs visions. Autrement dit, l'urgence recommande de procéder par un modus operandi qui donne la priorité à l'investissement public en faisant prévaloir la commande publique. L'Etat est appelé également à revoir sa stratégie en matière d'industrie pour assurer son autonomie par rapport à l'extérieur et de ne plus être sujet à l'importation, a-t-il noté en substance, comme c'est d'ailleurs le cas dans le secteur agricole. Le but escompté, a-t-il insisté, est celui d'assurer une souveraineté alimentaire et préserver les intérêts des petits agriculteurs, sans omettre en outre, une répartition équitable des richesses et le respect de la dimension écologique, condition sine qua non pour préserver l'avenir des générations futures. Il va sans dire, selon le Secrétaire général du PPS, que la crise a montré des aspects positif du Maroc au regard des réalisations notables effectuées dans un temps record après beaucoup d'hésitations et qui sont synonymes d'un progrès énorme, telles la numérisation des services ou encore le soutien financier à des millions de citoyens. Des mesures qu'il faut renforcer dans l'avenir, a-t-il plaidé. Pour le dirigeant du PPS, les actions menées par l'Etat ont contribué à insuffler un regain de confiance dans ces institutions. «On est passé d'une crise de défiance à une attitude de confiance», a-t-il noté en substance. Et d'ajouter que «Notre devoir nous appelle à continuer sur la même lancée pour corriger les défaillances et relever les défis de l'avenir, à commencer par la reconsidération du rôle de l'école publique qui garantit l'égalité des chances, tout en instaurant parallèlement un système de contrôle rigoureux de l'enseignement privé, l'immunisation des secteurs sociaux et la valorisation du savoir scientifique. «Un secteur public de qualité devrait constituer l'épine dorsale des politiques publiques entamées par l'Etat. Aujourd'hui, il y a lieu de changer de cap sinon on risque de rater le tournant», a-t-il martelé. Pistes de solution Assurément, la réforme du secteur public qui demeure embourbé dans les difficultés structurelles, nécessite avant tout la mobilisation des ressources financières non négligeables et les choix ne manquent pas pour élaborer des pistes de solution, a-t-il déclaré. Ainsi, il a évoqué les capacités financières dont disposent plusieurs hommes d'affaires de la diaspora marocaine, qui pourraient, de leurs parts, contribuer au développement du pays. A cela s'ajoute la restauration de l'impôt sur la fortune comme dans plusieurs Etats du monde. Et ce n'est pas tout, car l'Etat est invité à inscrire la réforme fiscale parmi les priorités de son agenda, sans bien évidemment obérer la capacité financière des entreprises privées. Cependant, ces dernières sont appelées à faire montre de solidarité et d'engagement citoyen, a-t-il poursuivi. La démocratie, une nécessité! Toutefois, il est à souligner pour que le nouveau modèle de développement puisse prendre consistance, il faut avant tout instaurer un climat de confiance afin de réconcilier les citoyens avec la chose publique. Une vie démocratique saine nécessite des partis politiques forts. D'ailleurs, a-t-il rappelé, c'est l'une des recommandations contenues dans le mémorandum présenté par le PPS à la commission de Chakib Benmoussa. «Le PPS a toujours défendu le principe d'un Etat national démocratique, social et protecteur, basé sur des valeurs communes et une adhésion volontaire des citoyens. Un Etat où la Monarchie constitue le pilier fondamental garantissant la continuité des institutions». Cela étant, «l'Etat d'urgence sanitaire ne suffit nullement l'état d'urgence démocratique», a-t-il averti, tout en mettant en garde contre toutes les formes de la dépravation de l'action politique. Cette dépravation de l'action politique est traduite, entre autres, dans l'attitude des médias publics qui ont décidé pour des raisons complètement incompréhensibles de faire l'impasse sur les efforts déployés par certains partis politiques dans cette crise et disqualifier de leurs plateaux les leaders et militants politiques, a fait remarquer Nabil Benabdallah. Grosso modo, un véritable modèle de développement requiert un gouvernement capable de prendre des décisions en assumant pleinement ses responsabilités conformément aux dispositions de la loi suprême du pays, et non pas un exécutif qui manque d'un portage politique fort et dont son action demeure prisonnière des tactiques individuelles, a-t-il asséné.