Il ne fait pas de doute que l'actuelle crise endémique est en passe de faire renaître une série de valeurs enfouies ou occultées dans notre pays. Sur le plan sanitaire, on relèvera la bravoure et l'engagement patriotiques du staff médical, infirmier, des segments de la pharmacie et de parapharmacie, sans omettre le contingent scientifique qui s'attelle, corps et âme, à performer ses connaissances et mettre au point des trouvailles inédites, notamment les respirateurs. De même, on notera l'emballement de l'Autorité, sous ses divers usages, péter le feu au service du citoyen. Jamais une telle empathie, entre le pouvoir et le peuple, n'a été aussi criante que durant ces derniers temps! D'autre part, on retiendra la solidarité citoyenne qui ne cesse de conquérir le cœur toutes les couches de la société marocaine. La création du fonds spécial qui fut pris d'assaut aussi bien par les gros chèques que les petites bourses, selon les possibilités des uns et des autres. En parallèle, les aides en nature à l'adresse de souches démunies, les prises en charges des enfants de la rue, les vagabonds sans abris et des personnes en situation de précarité, ainsi que les indemnités en directions des diverses victimes des retombées de la crise virale. On aura également constaté la promptitude et la fermeté des administrations qui ne tombent pas dans la nonchalance ni le laxisme, au vu de l'ambiance régnante. Après tous ces acquis qui annoncent, un nouvel entrain de l'après-Corona de notre pays, a-t-on le droit d'avorter, encore une fois, cet effort collectif pour reprendre les vices surannés ? Il serait insensé d'assommer dans l'œuf cette sève qui prend forme dans la souffrance. Ce qui se construit, dans les conditions de la contrainte pour enrayer l'épidémie, ne devra, en aucun cas s'effondrer, une fois la tempête virale dissipée. En un peu moins d'un mois, le Maroc amorce une mutation substantielle dictée, il est vrai, par la pandémie, mais s'ancre, petit à petit, dans les rapports de la vie active. Le système sanitaire qui focalise tout l'intérêt de l'Etat, vient de se doter d'énormes moyens pour s'ériger, dans l'avenir, en piédestal social de grande envergure, alors qu'il pâtissait, par le passé, dans la pénurie. Une aubaine de taille qui se présente à notre pays de s'approprier toutes ces opportunités en termes de valeurs morales, axées sur la confiance et la solidarité, ainsi que des édifices structurels, liés aux politiques publiques. Une remise en cause de nombre d'entraves qui, en dépit des avancées cumulées sur le plan des grands chantiers, freinent le cours de l'émergence de la Nation. Le pays devrait déclencher, sans aucun atermoiement, une nouvelle révolution sur deux champs capitaux, l'éducation et la santé, clés de voûte de l'essor escompté. Consolider et valoriser la vie politique, redresser les secteurs de l'économie en peine, renforcer les investissements, annihiler la disparité sociale et territoriale, proscrire les pratiques de rente et d'hégémonie en favorisant l'impunité et l'injustice…, seraient, entre autres, les chantiers majeurs à mener dans l'atmosphère de communion et synergie que l'actuelle crise mondiale vient d'instaurer. Il ne faut surtout pas rater le coche!