Les élections régionales allemandes du 27 Octobre dernier en Thuringe, naguère bastion de la CDU, ont été remportées par Die Linke, gauche, qui en recueillant 31% des suffrages exprimés a réalisé son meilleur score, toutes élections confondues, suivie de l'AfD, parti néo-nazi, qui, en obtenant 22% des voix et en réalisant cette percée spectaculaire a relégué la CDU à la troisième place. Avec un tel résultat, c'est l'effondrement des partis traditionnels qui se dessine car, à l'exception du FDP qui, en doublant son score, est parvenu à dépasser le seuil de 5% pour avoir des élus, la CDU est passé de 33 à 21%, les sociaux-démocrates du SPD de 12 à 8% alors que les Verts n'ont pas été mieux lotis même si leur recul est moindre du moment qu'ils ont perdu un grand nombre de voix. Ainsi, soixante-quinze ans après la chute du nazisme, ce serait donc la première fois dans l'histoire de l'Allemagne que les quatre partis traditionnels de l'ancienne RFA ne disposent pas d'une majorité. En outre, Björn Höcke qui est la tête de liste de l'AfD est le chef de file du courant le plus radical du parti néo-nazi. C'est aussi un personnage connu pour « relativiser le national-socialisme dans sa dimension historique ». Considérant comme «monument de la honte» le mémorial dédié aux victimes de la Shoah à Berlin et comme étant «un grand problème » qu'Hitler soit assimilé à «l'incarnation du mal absolu», ce dernier réclame l'accomplissement d'«un virage à 180 degrés de la politique mémorielle de l'Allemagne». Le 5 Février 2020 restera donc une date à marquer d'une pierre noire dans l'histoire de l'Allemagne puisqu'avec l'aide des conservateurs de la CDU mais surtout de l'AfD, où foisonnent nombre de militants fascisants ou néo-nazis, Thomas Kemmerich, le leader du petit parti libéral FDP, qui avait toujours fait office de partenaire de coalition aussi bien avec le SPD que Willy Brandt qu'avec la CDU d'Helmut Kohl et participé, ainsi, à tous les gouvernements allemands jusqu'en 1998, a été élu ministre-président de la Thuringe devenant, ainsi, le premier ministre-président de l'histoire de l'Allemagne à être élu avec le soutien de l'extrême-droite. Or, si c'est bien la première fois, dans l'histoire de l'Allemagne moderne, que des membres de l'establishment politique ont pactisé avec l'extrême-droite pour arriver au pouvoir, il reste que ce scénario est devenu très courant dans les autres pays de l'U.E. Ce fut le cas en Autriche, en Slovaquie et en Finlande notamment où, en multipliant ses rapprochements avec la droite libérale et avec les sociaux-démocrates, l'extrême-droite est parvenue à conclure des accords pérennes qui lui ont permis de normaliser et de soigner son image auprès des électeurs. Mettant sous le coude ses sempiternelles diatribes anti-européennes, l'extrême-droite ne s'attaque plus qu'aux migrants et aux bénéficiaires des aides sociales et, de leur côté, les libéraux se délestent de leurs considérations éthiques et morales et de leur pendant « progressiste » afférent à l'accueil des migrants, au féminisme ou encore aux droits LGBTQ. Or si, pour le moment, l'U.E. voit d'un très bon œil ce rapprochement Droite-Extrême droite dès lors qu'il n'entrave pas sa bonne marche et ne compromet nullement ses directives, il est permis de se demander, toutefois, si cette idylle est là pour durer. Quoiqu'il en soit, attendons pour voir…