Alors qu'Uber s'est fait débarqué quasi manu militari du Maroc, voilà la jeune pousse estonienne, qui n'est plus si jeune que ça puisqu'elle a été créée en 2013, jette son dévolu sur le royaume. Toutefois, la nouvelle n'a rien de surprenant au fond puisque Bolt a clairement affirmé son ambition de devenir numéro 1 en Afrique. La plateforme a d'ores et déjà dépassé les 25 millions de passagers dans 30 pays et 90 villes. Présente en Afrique du Sud, au Kenya et au Nigeria, Bolt a depuis quelques semaines démarré sa campagne de recrutement sur Casablanca ( cf photo). La start-up, dénommée auparavant Taxify, pèse lourd : 25 millions de clients, plus de 500 000 chauffeurs partenaires et 900 salariés. Le tout financé par des levées de fonds, dont la dernière en 2018, auprès du constructeur allemand Daimler et du puissant VTCiste chinois Didi Chuxing, qui a permis à Bolt d'engranger 175 millions de dollars. Ses facteurs clés de succès : la commission prélevée plafonne à 15 %, alors qu'elle peut monter à 25 % chez les concurrents, dont Uber. «Notre innovation était d'attirer les chauffeurs avec les meilleures conditions de travail et une paye décente», déclare Martin Villig au magazine français Challenges. Côté clients, Bolt propose aussi des prix plus bas et des promotions fréquentes. Problème, avec des tarifs et des commissions plus faibles, les marges sont restreintes. Bolt ne communique pas ses résultats, mais précise « être rentable dans certaines villes ». Comme Uber, Bolt est globalement non rentable, avec des pertes nettes de 61 millions d'euros pour 2019, contre 80 millions d'euros l'an dernier. Selon la direction de la société, les grandes villes nécessitent un investissement initial, mais dès que la société cesse de se développer, elle peut atteindre le seuil de rentabilité en un an. Mais la plate-forme estonienne de transport de voitures Bolt serait rentable dans les deux tiers des marchés sur lesquels elle opère, dépassant ainsi la rentabilité d'Uber. L'histoire de Bolt née de la volonté d'un gamin, Markus Villig, qui dès l'âge de 12 ans savait qu'il voulait créer une entreprise dans les nouvelles technologies. Villig a démarré l'entreprise avec un prêt d'un peu plus 5 000 euros de sa famille pour la construction d'un prototype de l'application, l'été après l'obtention de son diplôme de lycée. Il a été inspiré par Skype, qui a été fondé en Estonie, son pays d'origine, en 2004, montrant qu'une entreprise technologique « pouvait être lancée de n'importe où ». Aujourd'hui à 25 ans, Markus Villig est le plus jeune dirigeant de strat up Licorne ( start up valorisée à plus de 1 milliard dollars). Aux commandes de Bolt aux côtés de son frère Martin Villig (40 ans), ils ont fait d'une application de taxis à Tallinn (Estonie) une plateforme mondiale de la mobilité. En juin dernier, ils sont allés défier Uber à Londres, qui est pour le moins malmené dans la capitale britannique. En novembre dernier, il a vu sa licence une nouvelle fois révoquée (après un précédent en 2017) principalement pour des raisons de sécurité. Le gendarme des transports a estimé qu'Uber n'était plus «apte» à offrir ses services aux Londoniens, à cause le système informatique de la plateforme, permettant à des milliers de conducteurs sans permis d'installer leur photo sur les comptes d'autres chauffeurs et de prendre en charge des clients frauduleusement. Et pour ne rien arranger, des conducteurs sans permis, voire suspendus, pouvant créer des comptes Uber actifs. Depuis Uber a fait appel et continue d'exercer. Quoiqu'il en soit Bolt a lui décidé de faire les choses bien. Après une première tentative infructueuse dasn le créneau «des ballades», Bolt a mis plus d'un an a obtenir sa licence à Londres. Villig a déclaré qu'il souhaitait s'assurer que Bolt adoptait une approche approfondie du processus de licence, en travaillant en étroite collaboration avec TfL pour s'assurer que tout allait bien, non seulement du point de vue commercial, mais aussi du «point de vue de la sécurité et de la qualité». Depuis lors, Bolt a étendu ses activités aux scooters électriques et à la livraison de nourriture. D'autres lancements sont prévus, mais M. Villig a indiqué que son activité de tour de contrôle ne faisait que « rayer de la surface » et qu'elle allait continuer à se développer. Les frères Villig travaillent à une diversification dans les motos – très populaires en Afrique – et les trottinettes électriques. Depuis quelques semaines, ils testent également la livraison de repas. A terme, la start-up devrait intégrer tous les modes de déplacement.