Aux élections européennes de ce dimanche, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a fait progresser son parti ÖVP (Parti Populaire autrichien, conservateur) de manière spectaculaire en raflant 34,5% des voix; un résultat qui tient au fait que, la veille, les autrichiens avaient approuvé sa décision d'appeler à des élections anticipées à la suite de cet «Ibizagate» qui, quelques jours auparavant, avait fait voler en éclat la coalition droite-extrême droite après avoir contraint à la démission aussi bien le vice-chancelier que son ministre de l'Intérieur. Mais une telle situation, au demeurant inédite dans l'Histoire du pays, a poussé certains parlementaires à demander le vote d'une motion de censure. La politique n'ayant, par ailleurs, jamais été un long fleuve tranquille, dès le lendemain, lundi, fut adoptée, par le Parlement autrichien, la motion de défiance déposée par la coalition SPÖ-FPÖ dix jours à peine après la «sortie» de la fameuse vidéo compromettante tournée dans une villa d'Ibiza en Août 2017 et mettant en cause le vice-chancelier Heinz-Christian Strache et son ministre de l'intérieur. Ainsi, l'«Ibizagate» autrichien a bien fini par éclabousser le chancelier et même par avoir raison de lui puisqu'il aura poussé, au rejet, par le Parlement et à la majorité absolue, de la confiance qu'il avait initialement accordée à son gouvernement. Il appartient donc, désormais, au président autrichien, Alexander Van der Bellen, de former le nouveau gouvernement qui sera chargé d'assurer la transition jusqu'aux élections anticipées prévues en Septembre. Déposée par le SPÖ (Parti Social-démocrate, centre gauche) à qui le FPÖ (Parti de la liberté d'Autriche, extrême-droite) a emboité le pas, cette motion de censure a immédiatement poussé le chancelier vers la porte de sortie dès lors que ces deux formations disposent, à elles seules, d'une majorité écrasante de 103 députés dans un hémicycle comprenant 193 sièges. Aussi, après avoir été, il y a trois ans et à l'âge de 31 ans, le plus jeune chancelier de l'Histoire du pays et le plus jeune dirigeant du vieux continent, Sebastian Kurz devient donc le chancelier autrichien qui aura exercé le plus court mandat mais aussi le premier à en être écarté par une motion de censure bien qu'il ait rappelé, quelques heures plus tôt, aux députés, qu'il incarne «la stabilité» et qu'à ce titre «personne dans le pays ne pourra comprendre leur volonté» de le renverser. Force est de reconnaître, toutefois, que dans une Autriche soucieuse de maintenir un certain équilibre entre les partis politiques, il était risqué pour les sociaux démocrates de s'allier à l'extrême-droite pour faire tomber le gouvernement surtout à un moment où tous les sondages rapportaient que la majorité des autrichiens était favorable au maintien de Sebastian Kurz à la chancellerie. Mais, l'éviction du jeune chancelier autrichien ne risque pas de diminuer ses chances aux élections prévues en Septembre prochain; d'une part, parce que l'économie autrichienne se porte bien et, d'autre part, parce que «la ligne dure» adoptée par le Parti Populaire autrichien (ÖVP) en matière d'immigration reste largement soutenue par ses concitoyens. Alors, attendons pour voir…