Même s'il est encore loin d'obtenir les 8 milliards de dollars nécessaires à l'édification d'un mur à la frontière mexicaine, Donald Trump peut, tout de même, se réjouir car, ce lundi et à quelques heures de la présentation du budget du Pentagone devant le Congrès, Patrick Shanahan, le ministre de la défense par intérim, a annoncé son intention «d'entreprendre la construction d'un mur de 91 km de long et de 5,5 m de haut» dans la région d'El Paso au Texas. Le chef du Pentagone a tenu à préciser, par ailleurs, que le financement de cette opération repose sur la loi fédérale et notamment sur un paragraphe de l'Article 10 du Code des Etats-Unis qui «autorise le ministère de la défense à construire des routes et des barrières et à installer des éclairages pour empêcher le trafic de drogue transfrontalier» et ce, à hauteur d'un milliard de dollars. La réalisation de cet ouvrage sera confiée au corps du génie de l'armée de Terre habilité à entreprendre, en coordination avec le DHS (Ministère de la Sécurité intérieure) et les garde-frontières, «la planification et la mise en œuvre de ce projet». Pour rappel, le 15 février dernier, Donald Trump avait déclenché une procédure d'«urgence nationale» l'autorisant à se passer de l'accord des parlementaires pour le déblocage des huit milliards de dollars nécessaires à la construction d'un mur à la frontière mexicaine. Le Sénat avait alors adopté une résolution annulant cette mesure; ce à quoi Donald Trump avait opposé son véto. Le recours à cette mesure exceptionnelle avait indigné les élus des deux camps qui avaient reproché au Président d'avoir outrepassé ses pouvoirs et créé, ainsi, un dangereux précédent. Pour les sénateurs démocrates il s'agirait plutôt d'un «détournement de fonds» effectué pour entreprendre une construction «inutile» voire même, comme l'avait dit, quelques semaines auparavant, le congressiste Adam Smith, une «crise fabriquée (qui) ne sert à rien d'autre qu'à encourager le président à se concentrer sur la rhétorique anti-immigrés au lieu de ce qui est dans le meilleur intérêt de la sécurité nationale». L'annonce du Pentagone ayant poussé les sénateurs démocrates à dénoncer le fait «que le ministère (de la défense) ait permis une telle ingérence politique», ces derniers se sont immédiatement opposés au «déblocage» proposé par le ministre de la défense par intérim au motif que celui-ci contreviendrait aux «dispositions du crédit de défense lui-même» en passant outre l'aval des comités de la défense du Congrès. Jusqu'à quand va durer ce bras-de-fer ? Attendons pour voir…