Elle est déjà entamée, mais dans quelques heures, la communication dans son ensemble sera consacrée en premier lieu à la femme. Demain, 8 mars est sa journée internationale. Dans notre pays et ailleurs, ce jour donne lieu à une fête populaire dont les médias officiels couvrent le déroulement. Et pourtant, il fût un temps, encore proche, où cet événement était célébré en semi clandestinité par les seul(e)s militant(e)s pour lesquels la femme constituait l'avenir de l'homme. Il a fallu quelques années pour que l‘idée soit appropriée par la société dans son ensemble au moins dans son côté festif et symbolique. Les mots d'ordre, aussi justes soient-ils, prennent du temps pour se réaliser même partiellement. Dans les faits, la cause des femmes reste à l'ordre du jour même si les avancées sont apparentes. Comme celle concernant la démocratie, les promesses se font à chaque fois que l'occasion s'y prête; mais la réalité reste têtue. Certes des améliorations ont été enregistrées dans la condition féminine et on ne peut que s'en satisfaire et en tirer une fierté certaine. Il reste néanmoins que les inégalités sont plus pesantes par le genre et que du fait de ce dernier, les droits restent sous tutelle. En chômage plus que son altérité masculine; au travail, écarts dans les salaires et dans l'attente de la promotion ; femme de monogame ou, pire, de polygame et à la maison, entre la contemplation au salon pour le sieur et l'action dans la cuisine de la dame; l'analphabétisme, la violence, le harcèlement sexuel, l'héritage, en politique, …, les écarts persistent et s'aggravent. Les écueils de l'identitaire passéiste avec ses comportements obscurantistes cachent des manipulations réactionnaires qui semblent gangréner la population. Devrait-on en public faire pression sur le parent d'une jeune fille pour qu'elle fasse le choix entre le baccalauréat, pour lequel elle est des plus studieuses, et le port du voile dont elle n'est pas convaincue ? Un exemple parmi tant d'autres qui trouvent un certain écho parmi les fidèles auxquels «les frères» cherchent à consolider la foi ! Les disparités spatiales renforcent la phallocratie dans les attitudes et les déficits dans les différentes politiques sociales confirment la mainmise de la masculinité sur l'essentiel. C'est pour dire que l'émancipation de la femme dans notre beau pays reste un objectif qui nécessite une mobilisation permanente et une vigilance extrême. Certainement plus que lors de l'approche de la journée dédiée et encore plus que celles nécessaires au souffle démocratique. Celui-là même qui s'étouffe dans l'Algérie sœur. On fait supporter à tout un peuple l'indigence d'un « clan » incapable d'assurer le passage du relai entre ses membres et encore moins de créer le bonheur pour lui, la paix et la concorde pour tous. Un homme invalide, impotent et grabataire se maintient, dans sa chaise roulante ou dans son lit de malade, à vouloir présider aux destinées de son peuple alors que ce dernier réclame qu'il dégage. Ce machisme contre la démocratie dépasse la raison et occulte dans son insolence la voie de la démocratie et de la liberté. Une telle mentalité au plus haut niveau des institutions ne préfigure pas des attitudes égalitaires dans la construction d'une société récemment martyrisée par le terrorisme, l'intégrisme et l'autoritarisme. La promesse de changer de condition dans une perspective de progrès et d'amélioration de la vie collective englobe une approche égalitaire entre les individus et les territoires. Ici comme ailleurs, l'issue démocratique constitue la seule solution pour vaincre le sous-développement. Le poète a toujours raison quand il chantait que « la femme est l'avenir de l'homme»: «Entre l'ancien et le nouveau Votre lutte à tous les niveaux De la nôtre est indivisible Dans les hommes qui font les lois Si les uns chantent par ma voix D'autres décrètent par la bible»