Le service de cardiologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn ROCHD organise, en collaboration avec le service de cardiologie pédiatrique de l'hôpital universitaire du Texas sous l'égide du croissant rouge Qatarien, une mission humanitaire du 10 au 17 juillet 2010. L'objectif de cette mission est de réaliser des interventions cardiaques pour les patients pauvres atteints de malformations cardiaques. Il s'agirait, entre autres, de dilatations des valves pulmonaires, dilatations de coarctations de l'aorte, fermeture de communications entre les oreillettes et entre les ventricules. De nouvelles techniques de cathétérisme interventionnel seront utilisées. Ces interventions seront menées par le Dr Mohammed T NUMAN accompagné de son équipe de techniciens et d'infirmiers spécialisés en imagerie cardiovasculaire. Cette mission, vouée à la cardiologie congénitale et pédiatrique, est la cinquième du genre réalisée par le service de cardiologie du CHU Ibn ROCHD dirigé par le Pr Ahmed Bennis. D'autres missions humanitaires avec la collaboration d'équipes européennes ont été déjà organisées et ont profité aux patients nécessiteux souffrant de maladies cardiaques valvulaires. Grâce à ces différentes missions humanitaires, la prise en charge des enfants atteints de malformations cardiaques a connu un développement remarquable. Une équipe formée de cardiologues pédiatres et de chirurgiens cardiaques a vu le jour depuis novembre 2009 et a réalisé plus de 30 interventions de chirurgie cardiaque dont la majorité était curative avec de bons résultats opératoires. Mais il faut cependant rappeler que beaucoup d'efforts restent à déployer pour pouvoir traiter le plus grand nombre d'enfants atteints de malformations cardiaques. Un des handicaps majeur à cette prise en charge est le côté financier, la chirurgie des cardiopathies congénitale est une chirurgie coûteuse, onéreuse hors de portée des petites bourses surtout que la majorité des patients n'ont aucune couverture médicale et ne dépendent pour leur traitement que de certaines associations de bienfaiteurs. De ce fait, cette mission humanitaire comme ses semblables vise à traiter les plus démunis de ces enfants et ceux atteints de malformations plus complexes nécessitant un haut niveau d'expertise. Rappelons que cette mission est effectuée dans le service de cardiologie du CHU Ibn Rochd du Pr. Ahmed Bennis (chef du département des maladies cardiovasculaires) et qu'elle est organisée par le Pr Abdenasser Drighil (Professeur agrégé de cardiologie) responsable de la cardiologie pédiatrique au sein de ce même service. Cardiologie pédiatrique Avancées et états des lieux au Maroc Parmi les avancées récentes de la cardiologie pédiatrique figure la possibilité de réaliser des interventions par cathétérisme interventionnel, c'est-à-dire sans recours à la chirurgie. Ainsi, il est devenu possible de fermer des «trous» dans le cœur qu'on appelle «communications entre les oreillettes et entre les ventricules par des dispositifs percutanés». Aussi, on arrive actuellement à dilater des sténoses malformatives sur les valves pulmonaire et aortique, voire à mettre en place des valves biologiques par voie percutanée. La mission actuelle de cathétérisme pédiatrique va, selon le Pr. Ahmed Bennis, contribuer à améliorer la qualité des soins pour les enfants atteints de malformations cardiaques. En effet, la Cardiopathie congénitale (CC) au Maroc constitue l'une des premières causes de mortalité infantile d'origine malformative et une des causes non négligeables du handicap chez l'enfant et l'adulte jeune (enquête nationale sur le handicap 2004). En l'absence de registre national des cardiopathies congénitales et se basant sur une incidence de CC de 1/100 nouveau-né vivant (OMS) et sachant que le taux de natalité au Maroc est de 21.5/1000 habitants (Ministère de la santé), le nombre de nouveaux cas annuels de CC au Maroc serait de 6364 dont 50-60% (soit plus de 3000 patients) nécessiteraient une chirurgie avant 1 an et 30-40 % avant l'âge scolaire. Le nombre d'enfants opérés au Maroc chaque année reste largement en dessous de ces chiffres et ne dépassant pas les mille patients par année entre traitement palliatif et curatif. La part importante que constitue les malformations cardiaques sur la mortalité infantile et sur le handicap au Maroc impose une politique nationale considérant la prise en charge de ces malformations cardiaques une priorité sanitaire du pays.