Le plan communal de développement est en gestation. Ses dernières moutures sont vraisemblablement dans les phases finales, après avoir été l'objet de concertations dont les ultimes échanges ont eu lieu, des semaines auparavant, au siège de l'OFPPT à Agadir. Il ne fait pas de doute que, voici quelques années seulement, la ville aura connu de belles métamorphoses au niveau des espaces verts et des corridors, des aires de loisirs et des jeux d'enfants et des maisons de quartiers, outre la plantation de la corniche de plus de cinq kilomètres, la restauration de la citadelle et les sentiers pédestres, l'aménagement de la voierie avec des giratoires et de nouveaux accès…Nonobstant, la capitale de la région Souss-Massa-Drâa reste bien en deçà de ses gigantesques potentialités économiques, avec son triptyque fondamental, à savoir l'agriculture, la pêche et le tourisme. En dépit donc de cette nouvelle conception qui tente de tirer la première station balnéaire du royaume vers le haut, en tant que zone à la fois verdoyante et agissante, on a l'impression que l'immense potentiel dont elle regorge n'est toujours pas défriché en termes de gouvernance, d'innovation et de performance. Au-delà de ce nouveau déclic, amorcé depuis l'avènement de cette vision communale intègre et volontariste en 2003, il faut bien dire qu'on ne s'est pas encore attaqué aux grands enjeux développementaux d'une métropole émergeante d'envergure, puisqu'on est constamment resté assujetti à des soucis «verts», somme toute primordial, sans pour autant se consacrer aux grands changements de base, tout en demeurant «vert». Certes, durant le mandat précédent, les rapports présidence/majorité et présidence/wilaya n'étaient pas au beau fixe et que de temps s'écoulait dans des bras de fer regrettables, au détriment des intérêts suprêmes de la ville et des citoyens. Et ce n'est qu'en fin de parcours communal qu'on s'est hâté de mettre les bouchées doubles pour finir en apothéose et prétendre à une nouvelle mandation, amplement méritée d'ailleurs, car les populations se sont surtout goûtées aux fraîcheurs de la «verdure» spatiale et aux ferveurs du «divertissement» infantile. Aujourd'hui que les relations se sont nettement rehaussées de part et d'autre et, après une année du présent itinéraire communal, le passage à la vitesse supérieure semble être aisé et impératif. Plus personne ne viendra alors altéré le bon déroulement d'une véritable ébullition de développement multidimensionnel. Au plan du tourisme, avec la mise en marche de l'autoroute et l'ouverture de lignes aériennes supplémentaires directes ou via Casablanca sur Agadir, on est appelé à retrousser les manches pour redorer le blason d'une destination essoufflée, en motivant les investissements en direction du tourisme interne et en créant davantage d'opportunités d'emploi au profit des jeunes diplômés du terroir, tout en mettant en oeuvre une stratégie synergétique de promotion et d'animation attractive. Au niveau des services publics, on est censé asseoir des opérations de gestion déléguée équitables et socialement avantageuses au niveau du transport urbain qui endure des déficiences chroniques, de la collecte des ordures ménagères dont les effets empestent tous les coins de la ville, de la mise en place d'un éclairage public performant et généralisé…S'agissant des restructurations de certaines artères principales, il s'avère impérieux de se pencher sérieusement sur le désenclavement des avenues névralgiques de la ville, notamment l'avenue Hassan II qui se trouve actuellement dans un état asphyxié, au vu de l'encombrement et de la pression dont elle est continuellement sujette, en particulier en période estivale, en plus de la problématique des parkings qui reste une préoccupation permanente des usagers de ces points de grande affluence. Le volet de l'urbanisme est, à lui seul, un véritable casse-tête, si l'on sait que, depuis des lustres, Agadir a été la vache laitière des spéculations immobilières de tout acabit, diligentées par les anciens agents de l'autorité, en connivence avec les Elus. La prolifération des bidonvilles notamment à Anza, Bensergao et Agadir, particulièrement aux piémonts, a jeté la ville dans un engrenage immobilier fantoche et anarchique, pendant des années, en plus des pratiques clientélistes et génératrices d'enrichissement oligarchique qui ont entaché le phénomène des lotissements, au début des années 80, avec des élus et des agents de l'autorité qui sont devenus, du jour au lendemain, des barons richissimes, tel le Nord du royaume infesté de bonnets de l'herbe. L'opération de démolition de ces bidonvilles sur directives royales s'est déroulée, il y a environs deux ans, d'une manière expéditive et draconienne, sans tenir compte des mesures de recasement, alors que l'autorité, elle-même qui ordonne au broiement des masures, était responsable de cette genèse calamiteuse. Et puis, comme le malheur ne vient jamais seul, cette même autorité, il y a quelques années, autorise en vrac et arbitrairement l'édification de séries d'immeubles R+10 à des promoteurs voraces, le long de la bannière du Hay Mohamedi, sans aval municipal et sans équipements sociaux. Du pain sur la planche donc p our un dossier épineux qui nécessite une interposition énergique afin de préserver la ville d'une véritable évolution bâtarde et d'un réel génocide immobilier. D'autre part, si un effort considérable a été déployé en matière de déplacement urbain et des infrastructures de base, il va sans dire que beaucoup reste à faire pour fluidifier encore plus les flux grossissants, tout en décidant, dans les plus brefs délais, le déménagement de l'actuelle gare routière, fondée dans des conditions hâtives et irréfléchies, provocant ainsi des encombrements et des regorgements déplorables. Le volet culturel demeure, paradoxalement, le maillon faible du soubresaut communal, depuis déjà belle lurette, malgré le contingent intelligentsia qui agrémente l'éventail majoritaire. Aucun plan de développement culturel, en terme d'infrastructure de spectacle technique et spécifique et d'animation rayonnante et de proximité n'est à son actif, en dépit des tentatives infimes qui se manifestent par ricochets. Et pourtant, ce n'est pas le tissu associatif diversifié qui manque, à travers les agglomérations de la ville, en quête d'une salle ou des salles de spectacles spécialisées où les dispositifs sophistiqués de sonorisation, de lumière, d'acoustique et de confort se prêtent à la perfection, à l'instar des villes marocaines qui respectent entièrement les nécessités et les ambiances de l'art et de la culture nobles. Tous ces chantiers, parmi bien d'autres et dont certains ont été déjà ouverts, sous la houlette de la nouvelle génération de la bonne gouvernance, ne peuvent s'effectuer que dans la symbiose, la concorde et le civisme, loin de tout calcul réducteur et de chamaillerie stérile.