2018 se veut une année mitigée pour le système bancaire. C'est ce qui ressort au moins de l'état des lieux que fait Crédit du Maroc Capital (CDMC) de l'activité bancaire à fin juin 2018. Focus. En effet, les créances brutes sur la clientèle poursuivent leur tendance haussière au 1er semestre 2018 pour s'établir à 812,5 milliards de DH. Après la baisse de -0,8% accusée au 1er semestre 2016, les crédits Retail progressent mais à un rythme de moins en moins prononcé. Cette évolution est due, principalement, à la performance des crédits à l'habitat (+1,8%) et des crédits à la consommation (+4%).Les crédits Corporate retrouvent leur rythme de croissance à +3,2% après le repli constaté à la clôture de l'année 2017. Cette hausse est due, notamment, à la progression des crédits à l'équipement de +3,3% et des crédits aux promoteurs immobiliers de +1,6%. Ces deux catégories pèsent près de 61% des crédits Corporate du 1er semestre 2018. La configuration des crédits Retail est dominée par le crédit à l'habitat. Sur une année glissante, ce dernier marque un rebond de +3,4% pour se situer à 201,1 milliards de DH au 1er semestre 2018. L'encours du crédit à la consommation affiche un taux de croissance de +5,2% sur une année glissante pour ressortir à 52,4 milliards de DH. Pour leur part, les taux débiteurs des crédits à la consommation empruntent une tendance baissière pour se situer, au deuxième trimestre à 6,57%. Les taux débiteurs des crédits à l'habitat connaissent, quant à eux, un léger redressement après une évolution en dents de scie depuis le quatrième trimestre 2016. In fine, ils se situent à 5,46%. Le crédit à l'équipement enregistre une performance de +11,4% pour se situer à 199,3 milliards de DH. En revanche, les crédits trésorerie & comptes courants débiteurs essuient une baisse de -5,4% sur une année glissante. Les crédits destinés à la promotion immobilière s'apprécient de +2,2% durant la même période. Les taux débiteurs des crédits à l'équipement et des crédits débiteurs et de trésorerie ont connu un léger fléchissement depuis le quatrième trimestre 2017. Par ailleurs, le taux de contentieux du système bancaire national progresse significativement de +130 points de base. En effet, l'encours des créances en souffrances augmentent de +16,2% au moment où les créances brutes sur la clientèle ne progressent que de +4,3% sur une année glissante. Le taux de couverture des banques marocaines se trouve ramené à 62,7%. Pour sa part, le coût du risque du système bancaire se situe à 0,91%. Pour ce qui est des ressources, les dépôts de la clientèle sont en baisse significative après plusieurs semestres de hausse accélérée. «Leur poids est dominant dans le bilan total du secteur bancaire puisque la structure de financement des banques est basée, essentiellement, sur les dépôts», souligne CDMC. Il est ainsi évident que «la contraction continue des taux des marges d'intérêt conduise les banques à privilégier les ressources non rémunérées et proposer à la clientèle des taux de rémunération des dépôts à terme assez bas». Cela est la conséquence du renforcement du poids des comptes à vue au détriment des comptes d'épargne et des dépôts à terme. Dans ces conditions, le déficit de liquidités des banques s'est creusé à plus de 60 milliards de DH à fin juin compte tenu de la baisse des réserves internationales nettes et de la hausse de la circulation fiduciaire. Face à cela, il y a un changement de la stratégie de placement de certaines banques. L'encours du portefeuille-titres des banques s'est amélioré de 1,6% à 284,7 milliards de DH représentant 22% de leur total bilan. CDMC constate ainsi un «renforcement du portefeuille de transaction (+5,5% à 168,8 milliards de DH) au détriment du portefeuille d'investissement (-9,5% à 26 milliards de DH)». Il n'est pas surprenant que 93% du portefeuille des banques soit composé de Bons du Trésor.