La Conférence qui doit se tenir à Marrakech les 10 et 11 décembre à l'effet d'entériner «le Pacte mondial de l'ONU sur les migrations» avant que la Résolution y afférente ne soit adoptée le 19 décembre prochain par l'Assemblée générale des Nations-Unies n'est plus du goût de tout le monde à la Chambre des députés du Royaume de Belgique. Ainsi, après deux journées de débats houleux, ce pacte qui avait fait l'objet, cet été, d'un consensus gouvernemental a finalement été dénoncé par l'Alliance néo-flamande (Nieuw-Vlaamse Alliantie) membre de la coalition gouvernementale dirigée par Charles Michel (libéral, francophone). En faisant sienne les critiques émises par le chancelier autrichien Sebastian Kurz et en exigeant du Premier ministre belge de ne point se rendre à Marrakech pour signer le Pacte de l'ONU sur les migrations, l'Alliance néo-flamande (N-VA, nationaliste) n'avait plus aucune autre alternative que celle de ne plus faire partie du gouvernement de Charles Michel qui, après avoir défendu ce texte, fin Septembre, à la tribune de l'ONU, refuse de mettre dans la balance la «crédibilité» de la Belgique notamment après avoir obtenu l'approbation d'une majorité de députés issus aussi bien de la majorité que de l'opposition. La tentative de conciliation provoquée samedi soir par le Premier ministre Charles Michel a échoué lorsque le ministre de l'Intérieur Jan Jambon a quitté la séance accompagné de Theo Francken, le secrétaire d'Etat chargé de l'Asile et de la migration, bien connu pour ses sorties médiatiques hostiles à l'accueil des migrants; tous deux membres de la N-VA qui compte trois ministres et deux secrétaires d'Etat. Refusant de dire que les ministres nationalistes démissionneraient pour ne point porter la responsabilité de la crise, le président de l'Alliance néo-flamande (Nieuw-Vlaamse Alliantie), Bart De Wever a déclaré, lors d'une conférence de presse donnée après l'échec de la réunion de conciliation : «Nous n'avons plus notre sort entre nos mains (…) Si le premier ministre part (vers le Maroc) comme chef de la coalition, il atterrira à Marrakech comme chef de la coalition. S'il part, il nous démissionne de fait et nous pousse hors du gouvernement» avant d'ajouter, ironiquement, que Charles Michel dispose des soutiens nécessaires pour trouver une nouvelle majorité faisant ainsi allusion au fait que lors des débats sur le pacte onusien, ce dernier avait obtenu le soutien de toutes les composantes de l'opposition; à savoir, les socialistes, les écologistes et les chrétiens démocrates (francophones). Mais la divergence sur le Pacte de l'ONU sur les migrations étant assez profonde entre le Premier ministre et la NV-A, cette dernière a officiellement quitté l'alliance gouvernementale ce dimanche, laissant Charles Michel à la tête d'un gouvernement minoritaire et ce, au moins jusqu'aux élections législatives prévues fin mai 2019 ; une situation inédite pour le royaume de Belgique. Immédiatement informé de la situation par le Premier Ministre, le Roi des Belges a nommé ce dimanche de nouveaux ministres en remplacement des ministres et secrétaires d'Etat du parti nationaliste flamand NV-A démissionnaires et, à six mois de la fin de la législature, Charles Michel s'est retrouvé à la tête d'une coalition limitée à deux partis. C'est dire qu'avant de prendre l'avion pour Marrakech, le Premier ministre belge en a vu de toutes les couleurs mais que son gouvernement n'en compte plus que deux; à savoir les libéraux et les chrétiens démocrates flamands qui, pour respecter l'indispensable équilibre linguistique au sein de la coalition gouvernementale, vont récupérer les postes libérés par la NV-A. Ainsi, de Marrakech jusqu'aux prochaines élections législatives qui se tiendront en Mai 2019, Charles Michel va devoir diriger un gouvernement minoritaire. De quoi donc demain sera-t-il fait au Royaume de Belgique? Attendons pour voir…