C'est probablement le début d'une nouvelle guerre sur le marché de la fabrication des bouteilles de gaz. Suite à la commande passée par une société pétrolière marocaine dans le but de s'approvisionner en bouteilles de gaz auprès des industriels turcs,les opérateurs nationaux comptent alerter les pouvoirs publics sur les risques que court le marché local. Ceux-ci craignent que cette commande soit le début d'une avalanche de bouteilles de gaz importées des pays asiatiques. Une perspective qui pourrait tout bonnement remettre en cause le modèle économique de l'industrie marocaine, avance-t-on, dans le cas d'une concurrence acharnée sur le prix. En plus de craindre pour leur business, les industriels relèvent également les potentiels problèmes de sécurité que pourraient poser ces bouteilles à bas prix aux consommateurs. Selon un industriel local, «nous avons connu des problèmes avec des chauffe-eau importés de Chine par exemple. Nous ne voulons pas qu'un tel scénario se reproduise avec les bouteilles de gaz». Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'on entend parler d'importation de bouteilles de gaz. En 2008 déjà, une compagnie pétrolière a voulu faire entrer sur le territoire marocain un lot de vieilles bouteilles de gaz. L'opération a été stoppée après avoir reçu une salve de critiques. Toutefois, il faut noter qu'avant leur mise en circulation, les bouteilles de gaz ne sont autorisées qu'après avoir passé les tests de sécurité et avoir été jugées conformes aux normes, suivant une réglementation stricte. Les cinq opérateurs marocains du secteur exportent une partie de leur production de bouteilles de gaz et emploient 1500 personnes. Et l'accord de libre-échange conclu entre le Maroc et la Turquie donne aujourd'hui l'opportunité aux industriels turcs d'explorer le marché marocain et d'y exporter leur production. Près de 35 millions de bouteilles de gaz sont produites au Maroc. Rappelons que celle de 12kg coûte aujourd'hui entre 280 et 300 dirhams. Ces bouteilles sont consommées par les ménages (un tiers) et par les divers secteurs d'activité tels que l'agriculture (pour le pompage d'eau et le chauffage), l'industrie, etc. pour les deux tiers restants.