A l'instar des murailles de Chine dont l'immensité constitue l'une des sept merveilles du monde, la cité impériale de Taroudant abrite également ses majestueux remparts. Ceinte de deux millénaires, cette forteresse romaine, baptisée « Vala », déesse antique de beauté, s'étend sur six kilomètres sous forme circulaire et s'ouvre sur l'extérieur par neuf portes avenantes. Un simple détour en calèche, à travers cette altesse mauresque en chaux, révèle la somptuosité de la citadelle, chargée d'un long voyage historique, forgé par multiples dynasties du pays. Fières de ce passé riche en monuments marquants, ces murailles aux créneaux fastueux, s'enorgueillirent d'avoir repoussé avec ténacité, les assauts portugais, provenant d'Agadir, appelé à l'époque, Santa Cruz de Cap Ghir. Pourquoi alors tout ce rappel succinct d'un bout de temps relatif à un bout de terre, renvoyé aux ruines de Volubilis ou encore surnommé « petite Marrakech », alors qu'il survit toujours et existait bien avant la cité ocre ? Taroudant n'est pas un vestige suranné ni une analogie anodine dont le marasme de l'usure a relégué au second plan du répertoire de la contemporanéité ! Depuis déjà un moment, on aura compris cet aura que l'histoire a façonné par saccades et perpétué à la postérité. La porte du cèdre et tous ses homologues du fort emblématique, font partie du vécu quotidien du citoyen et scellent, dès son bas âge, la culture de la muraille qui cerne son existence. On ne peut alors que s'identifier à cette mémoire, empreinte de magnificence et de majesté. C'est incontestablement cet attachement émotif à l'envoûtement de la muraille qui a rassemblé près de quinze mille fidèles, ce matin de l'Aid à accomplir la prière rituelle. Certes, le rite cultuel appelait à cette tradition, mais le lieu qui renvoie à cet édifice saisissant et suscite cette sensation d'appartenance, incite à cette communion de symbiose. De même, on aura apprécié cette série de festivités tenues dans cette esplanade pittoresque au pied de la muraille dont à la fois la grâce et le gigantisme fortifient ce sentiment de liesse populaire. Les festivals thématiques qui ne cessent de meubler toutes les régions du bassin et de la montagne du Souss, notamment celui du henné, des plantes aromatiques et médicinales, du safran ou encore de l'argane…solidifient cette notoriété ancestrale. Il va sans dire que l'Etat, par le biais de ses multiples institutions, est amené à investir dans cette dynamique à caractère festif et social. Ce legs de haute qualité patrimoniale est sensé être valorisé et exploité, au niveau de l'industrie du tourisme, tout en préservant les aspects et les dimensions typiques des murailles, souvent menacées par le délabrement érosif. L'élément humain très actif dans les réseaux associatifs et coopératifs, serait prédisposé du sursaut des décideurs centraux afin de redorer le blason d'une contrée millénaire qui brille encore par la sobriété de sa population et la grandeur de son passé. Ces murailles altières qui résistent toujours à la rudesse du temps, surplombent, par son historicité plurielle, cette entité laborieuse en quête de gros investissements publics afin de relever davantage les conditions de vie et le cadre spatial au sein duquel se meuvent les citoyens.