Lors d'une conférence de presse donnée ce mercredi au Congrès, Dolores Delgado, la ministre espagnole de la Justice, a rappelé que le gouvernement de Pedro Sanchez entend mettre en application incessamment la réforme relative à «la loi sur la mémoire historique qui rendrait illégale toute sorte de structure faisant l'apologie du franquisme» telle qu'elle avait été approuvée en 2007 par le gouvernement socialiste de Jose Luis Rodriguez Zapatero. La Fondation nationale Francisco Franco fondée en 1976 afin de «diffuser et de promouvoir la biographie, les pensées, l'héritage et les œuvres» du dictateur espagnol étant ainsi devenue illégale, les restes du défunt Caudillo seront remis à sa famille et le mausolée qui abritait sa dépouille sera transformé en «mémorial des victimes du fascisme». Le gouvernement entend procéder, également, d'après le quotidien barcelonais «La Vanguardia», au retrait de l'espace public de tous les «symboles de la dictature», créer une «commission de la Vérité» à l'effet d'exhumer les victimes non encore identifiées et, enfin, rouvrir «les centres de soutien aux victimes du franquisme» fermés par Mariano Rajoy. Mais tout cela ne semble pas facile à entreprendre. En effet, le gouvernement risque d'avoir du mal à tenir parole d'abord parce qu'il est toujours à la recherche soit d'un accord avec la famille Franco qui s'oppose formellement à l'exhumation des restes de l'ancien chef de l'Etat soit des «voies juridiques» qui lui permettront de procéder à ce transfert puis parce que le mausolée, inaugurée le 1er Avril 1959 par le dictateur à l'effet de servir de lieu de «réconciliation», abrite, par ailleurs, les dépouilles de près de 27.000 combattants franquistes et de quelques 10.000 républicains dont les restes y avaient été transférées après leur extraction de fosses communes sans même que leurs proches ne soient mis au courant. Aussi, ce ne sont pas moins de mille personnes qui, dimanche dernier, après avoir assisté à la messe dans la monumentale basilique du «Valle de los Caidos» (la vallée de ceux qui sont tombés) au bout de laquelle se trouve la tombe de Franco, se sont rassemblés, à l'appel d'un mouvement d'extrême-droite, aux abords du mausolée pour contester la décision gouvernementale de transférer les restes du dictateur. Ils chantaient le «Cara al Sol», l'hymne des Phalanges fascistes fondées par José Antonio Primo de Rivera, lui-même enterré non loin du Caudillo. L'exhumation des restes de Franco initialement annoncée pour le mois de Juillet mais qui semble s'éterniser au fil des jours aura-t-elle lieu incessamment comme le voudrait Pedro Sanchez alors que quarante-trois années après la mort du Caudillo les plaies du franquisme sont encore béantes ? Jose Luis Abalos, le ministre de l'Equipement, très proche du premier ministre, aurait confié ce dimanche, au journal «El Mundo», que le transfert de la dépouille du défunt dictateur va prendre du temps sans, toutefois, donner d'autres précisions. Alors, attendons pour voir...