Dimanche, le Parti Populaire a remporté une victoire historique aux législatives en Espagne, avec 45% des voix. Le prochain chef de gouvernement va devoir convaincre de sa capacité à redresser l'économie et relancer la croissance. Une tâche qui s'annonce bien difficile. Sans surprise, la droite sort victorieuse des élections de dimanche. Selon les résultats partiels portant sur 70% des bulletins de vote, le Parti Populaire (PP) remporte ainsi la majorité absolue à la Chambre des députés. Selon toute vraisemblance, le PP gagnerait près de 185 sièges tandis que le Parti socialiste (PSOE), en pleine déroute, n'en aurait que 110 à 119, selon une estimation publiée à la clôture des bureaux de vote. Devenu le nouvel homme fort de l'Espagne, le chef de file du PP, Mariano Rajoy, hérite d'un pays frappé de plein fouet par la crise économique. « Nous éprouvons aujourd'hui une énorme satisfaction mêlée à un sentiment d'énorme responsabilité dans ces moments difficiles », a déclaré à la télévision Maria Dolores Cospedal, la numéro 2 du parti. « Faire la guerre à la crise économique » Tout au long de la campagne, c'est la situation économique très difficile qui a été au cœur des débats. Omniprésente aujourd'hui dans les conversations de nos voisins espagnols, la crise maintient le pays dans une situation critique, avec un taux de chômage record s'élevant à 21.52%, un déficit abyssal et une croissance aux abonnés absents. Dimanche soir, après l'annonce des premiers résultats partiels, le chef de la droite espagnole s'est engagé à « faire la guerre à la crise », tout en reconnaissant qu'«il n'allait pas y avoir de miracle ». « Ce n'est un secret pour personne que nous allons gouverner dans la conjoncture la plus délicate pour l'Espagne de ces 30 dernières années, mais je veux dire à tous les Espagnols que l'engagement que nous prenons avec vous, nous allons le respecter totalement », a-t-il déclaré. C'est donc une nouvelle cure d'austérité qui se prépare pour l'Espagne dans les mois à venir. Le déficit, le chômage et la croissance s'annoncent comme les trois principaux chantiers du futur chef de gouvernement. Premier cheval de bataille : réduire le déficit, estimé à 9.3% du PIB en 2010, et qui devrait être réduit en 2013 à 3%. Trois défis : déficit, chômage et croissance Mais redresser la barre s'annonce délicat dans un contexte national difficile avec 5 millions de chômeurs. Dans ce but, la réforme du marché du travail engagée en 2010 devra être approfondie: «Il faut en finir avec la dualité» entre contrats fixes et précaires en créant «un contrat unique», estime Xavier Vives, professeur à l'IESE Business School. « Si le marché du travail est rendu plus efficient, l'Espagne pourra créer de l'emploi avec moins de 2 % de croissance » poursuit-il. « Il y aura d'emblée des mesures spécifiques pour les entrepreneurs. Le gouvernement leur dira clairement qu'il compte sur eux pour nous sortir de la crise en créant des emplois avec l'aide des pouvoirs publics », a promis dans ce sens Mariano Rajoy. Vastes chantiers Menacé de récession, selon Goldman Sachs et Natixis, le pays doit essayer également de relancer sa croissance, nulle au troisième trimestre. Selon certaines sources, Mariano Rajoy négocierait déjà avec la chancelière allemande Angela Merkel les conditions d'une aide financière de l'Union européenne à l'Espagne. «Une des premières décisions que le nouveau gouvernement pourrait être contraint de prendre est de négocier avec le FMI et/ou le (fonds européen) FESF une ligne de crédit, par précaution», estime José Abad, analyste de la banque Unicrédit. Autant de vastes chantiers qui annoncent des temps difficiles pour l'Espagne. Des législatives sur fond de commémoration Les élections législatives de ce dimanche ne sont pas tombées à une date anodine. Le 20 novembre est en effet la date anniversaire de la mort du dictateur espagnol, Francisco Franco. Dimanche, alors que les bureaux de vote étaient ouverts, quelques centaines de nostalgiques ont commémoré cette date au mausolée du Valle de los Caidos près de Madrid, pour le 36e anniversaire de la mort du Caudillo. L'imposant mausolée abrite les restes du dictateur, mais aussi celles de son mentor, le fondateur de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera.