Les efforts consentis en matière d'offre d'habitat social ont permis aux ménages à revenu limité ou modeste d'accéder plus facilement au logement. Mais au-delà de l'aspect quantitatif, les données qualitatives laissent encore à désirer. C'est du moins ce que le ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville a souligné hier à Rabat. C'était à l'occasion d'une rencontre organisée pour présenter les résultats d'une étude d'évaluation du programme de logements sociaux à 250.000 DH et du programme de logements à faible valeur immobilière à 140.000 DH. Le ministre, Abdelahad Fassi Fihri, ne fait pas dans la dentelle pour pointer le problème de qualité et de durabilité auquel ce segment de l'habitat fait face. «Ce n'est pas parce qu'on opère dans le social qu'on est pour autant exonéré des obligations en termes de qualité», a-t-il dit. De plus, «l'offre actuelle ne répond pas à certaines couches, notamment les plus démunies et la classe moyenne ». En gros, «c'est tout le système d'habitat, basé essentiellement sur les exonérations fiscales, qui s'essouffle», affirme le ministre. En effet, les incitations prévues dans le cadre de ce système arrivent à échéance en 2020. Les défaillances relevées poussent la tutelle à se pencher sur une nouvelle vision. Selon le ministre, la future feuille de route devrait être plus adaptée aux problématiques urbaines et sociales actuelles. Des ateliers d'échanges seront organisés dès le mois de mai, dans le cadre d'une démarche de concertation, pour bâtir les jalons de la nouvelle vision. Le ministre compte aussi réactiver le Conseil national de l'habitat, qui ne s'est plus réuni depuis sa création en 2002. Sachant également que les résultats de l'étude d'évaluation du programme de logements sociaux à 250.000 DH et du programme de logements à 140.000 DH serviront de base pour revoir de fond les politiques publiques dans le domaine de l'habitat. Le constat montre une certaine insatisfaction chez les bénéficiaires des deux programmes. En effet, le taux d'insatisfaction s'élève à 26% chez les ménages qui ont accédé au logement à 250.000 DH. De plus, les dispositifs fiscaux mis en place par l'Etat se sont traduits par un manque à gagner considérable pour le Trésor et les collectivités territoriales, atteignant 25,8 milliards de DH sur la période 2010-2017. Toutefois, le niveau de ces manques à gagner cumulés témoigne de l'importance des efforts fournis principalement par l'Etat (23,6 milliards de DH) et, subsidiairement, par les collectivités territoriales (2,2 milliards de DH) pour promouvoir la production de logements sociaux et favoriser l'accès à la propriété des ménages à revenus modestes. Les pertes sont moins élevées du côté de l'offre à 140.000 DH. L'étude relève que les incitations fiscales adoptées dans le cadre de ce programme ont entrainé un manque à gagner de 745 millions de DH. Cependant, le taux d'insatisfaction frôle les 28%. Globalement, les politiques publiques en matière d'habitat en permis de réduire le déficit en logements, qui est passé de 1,2 million d'unités en 2002 à près de 400.000 unités en 2017. Les logements sociaux à 250.000 DH et ceux à 140.000 ont fortement contribué à réduire ce déficit. En effet, pas moins de 579.122 logements sociaux ont été mis en chantier depuis 2010. Les projets achevés totalisent 366.462 unités, tandis que 212.660 sont en cours de réalisation. Notons aussi que 92% de ces programmes sont réalisés par des promoteurs privés. Parallèlement, 38.387 unités de logement à 140.000 ont été mises en chantier depuis 2008, dont 28.549 achevées. Les promoteurs publics ont contribué à hauteur de 72%. Peu importe, des efforts restent à faire pour réduire le déficit à 200.000, comme fixé dans le programme gouvernemental.