Le Maroc dispose aujourd'hui d'une importante politique d'efficacité énergétique, de la réglementation appropriée et des institutions nécessaires pour réussir ce nouveau défi. Toutefois, ce nouveau dispositif souffre encore de l'insuffisance des acteurs, des financements et de la formation nécessaires, ainsi que d'un manque d'accompagnement, une faible implication du secteur privé et une absence de cohérence des actions menées. Le Directeur général de l'Agence Marocaine de l'efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline, l'a déclaré clairement lors de la 3e édition des rencontres africaines de l'efficacité énergétique organisée mardi à Casablanca. Pour lui, toute action d'efficacité énergétique nécessite une cohérence et un accompagnement. De son avis, il faut arrêter de subventionner les énergies renouvelables et agir pour renforcer les chantiers de la formation et de la sécurisation. Pour une meilleure efficacité énergétique, le DG de l'AMEE invite la CGEM, des fédérations professionnelles et le secteur privé en général à s'y impliquer davantage. Mouline estime que la réglementation relative à l'efficacité énergétique doit être adaptée au contexte de chaque pays car, dit-il, c'est plus compliqué de financer un projet d'efficacité énergétique, de faire le suivi et le monitoring. Le reflexe par rapport à l'efficacité énergétique doit être permanent et géré au quotidien, d'où l'intérêt de la sensibilisation, explique le DG de l'AMEE. Ce dernier reste convaincu que le continent africain est concerné par un modèle économique basé sur l'efficacité énergétique puisque plus de 600 millions de citoyens vivent sans électricité. Un modèle qui favorise une meilleure articulation entre le national et le local. Dans son intervention, Mouline a rappelé les 6 D de l'efficacité énergétique à savoir découpler les services rendus à l'énergie consommée, décarbonniser, décentraliser, digitaliser et démocratiser et développement durable désirable. Pour Stephen O Anderson, lauréat du prix des Nations unies pour le climat, le Maroc figure parmi les premiers pays au monde à avoir introduit de nouvelles technologies en vue d'améliorer son efficacité énergétique. Il a mis l'accent sur le leadership du Maroc par rapport au protocole de Montréal, ajoutant que la politique mise en place en matière d'efficacité énergétique fait du Royaume «un pays pionnier en Afrique et dans le monde». A noter que les rencontres africaines de l'efficacité énergétiques sont initiées par AOB Group sous l'égide du ministère de l'énergie, des mines et du développement durable. Une dynamique collective à l'échelle africaine Pour Aziz Rabbah, ministre de l'énergie, des mines et du développement durable, «on a besoin de cette dynamique collective, à l'échelle africaine, afin d'accompagner la mise en œuvre de la transition énergétique, en particulier dans son volet relatif à l'efficacité énergétique». «Cette dynamique, qui se concrétise par l'organisation d' assises, de conférences, de débats et de rencontres, vise à exposer des éléments théoriques, mais également des éléments pratiques, ainsi que des success-stories, tout en évoquant des questions aussi importantes que le financement, la réussite du projet, la voie à suivre pour éviter les échecs et les expériences des uns et des autres dans ce domaine». Il a, en outre, souligné «la nécessité d'accorder davantage d'intérêt à des thèmes un peu plus spécifiques, relatifs à l'efficacité énergétique dans les secteurs tels l'industrie et l'agriculture», estimant que «l'organisation de ce genre de rencontres, qui réunissent des élites de tous bords et de différents horizons, permettra « des discussions très fructueuses qui peuvent même aider le gouvernement à choisir le bon chemin». Rabbah estime que «l'efficacité énergétique est devenue une obligation». Il a en outre observé que «le Maroc est importateur d'énergie et doit en même temps veiller à réduire l'impact sur l'environnement et réduire les émissions de gaz à effet de serre». «Il faut montrer à l'opinion publique qu'atteindre l'efficacité énergétique est faisable et possible et qu'on peut aboutir à des solutions adaptées et non pas uniquement à des solutions standards», a-t-il poursuivi, faisant remarquer que la question de l'efficacité énergétique est désormais au centre d'un débat international. Selon les organisateurs de cet événement, le programme de cette édition a été conçu spécialement pour répondre aux problématiques énergétiques des entreprises marocaines publiques et privées, ainsi que des régions qui font plus que jamais partie de l'écosystème de l'énergie.