Après la conférence de presse organisée, lundi 12 mars, par le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Casablanca, Najim Bensami, durant laquelle il a annoncé la poursuite de la «plaignante» Afaf Bernani «pour diffamation de la police judiciaire et pour fausse déclaration», c'est autour du bâtonnier Mohammed Ziane d'organiser, hier mardi, une contre-conférence. Ce dernier a annoncé que la procédure entamée contre la Brigade nationale de la Police judiciaire (BNPJ) sera poursuivie en vertu de l'article 268 de la procédure pénale en insistant sur le fait que sa cliente «n'a pas signé le procès-verbal» ou du moins «ne l'a pas signé devant la caméra». Afaf Bernani a, pour rappel, déposé une plainte pour faux PV contre l'officier l'ayant auditionné, après que son nom ait été cité par l'une des victimes de l'affaire Bouachrine, imputant à l'accusation «d'avoir dénaturé frauduleusement» ses déclarations retranscrits dans l'un des procès-verbaux. Interrogé par Al Bayane sur sa persistance malgré la diffusion par le procureur général a diffusé une vidéo de Afaf Bernani en train de lire sa déposition, Me Ziane s'est exclamé : «que voulez-vous que je fasse ? J'ai une cliente, une citoyenne qui n'accepte pas que la police l'instrumentalise». «Elle n'est pas un instrument à la portée du parquet ni de la police judiciaire pour qu'ils fassent d'elle ce qu'ils veulent : victime, déclarante, plaignante ou prévenue», a-t-il poursuivit. Selon lui, «elle ne s'est pas plainte et n'a jamais soutenu qu'elle s'est faite violer». Réitérant son accusation d'instrumentalisation de la mise en cause par la BNPJ, il a avancé que «la police n'a pas le droit de décider à sa place et la mettre dans une situation de victime dans des circonstances qui ne se sont pas produites et vous ne voulez pas que j'insiste ?». Ceci étant, Afaf Bernani a bel et bien signée le PV. A cette question, le tonitruant avocat a répondu par la négative avant de se rétracter. «Non, si vous voyez la cassette, elle n'a pas signé», nous a-t-il dit avant. «Si elle a signé et elle a dis au secours messieurs les magistrats de la Cour suprême (Cour de Cassation dans sa nouvelle appellation). Venez à mon secours ! On m'a fait signer une connerie, ils doivent se solidariser avec cette femme-là», s'est-il insurgé. N'ayant aucune réserve quant à la diffusion de l'audition (une partie de l'audition) «du moment que le dossier étant devant une instance publique», le bâtonnier a tenu à souligner que le PV qui a été projeté lors de la conférence de lundi organisé par le procureur général « ne porte pas de signature ». «Mme Bernani n'a pas signé devant la caméra», a-t-il ajouté. A partir de là, du point de vue de Me Ziane, une interrogation s'impose : «Pourquoi on ne lui a pas fait signer le PV devant la caméra ?». A noter que les propos tenus par l'avocat et sa cliente ont été totalement réfutés par le procureur général. Celui-ci a affirmé, un jour auparavant, que l'officier qui a été poursuivi par Afaf Bernani a été surpris par ce qui a été relayé par les médias. L'officier sujet de la plainte a, pour étayer sa plainte, fourni un CD comportant l'enregistrement des déclarations de la mise en cause au moment de son audition, dans lequel elle atteste clairement avoir fait l'objet de harcèlement sexuel. Par ailleurs, interrogé sur l'éventualité d'un rejet par la Cour de cassation de son recours, comme ce fut le cas pour le recours en cassation de la défense de Taoufik Bouachrine pour faux en écriture publique contre le procureur Najim Bensami, Ziane s'est montré hésitant. «Ça dépend de la conscience et des valeurs des magistrats», a-t-il indiqué. En tout état de cause, la plainte est devant la Cour de cassation. Son procureur général devrait, selon l'article 266 du code de procédure pénale, la soumettre à la Chambre pénale pour examen.