Entretien avec Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées «De Goya à nos jours», «Face à Picasso», «l'Afrique en capitale» au Musée Mohammed VI d'Art Moderne et Contemporain de Rabat... telles sont les expositions phares qui ont marqué les activités la Fondation nationale des musées (FNM) en 2017, sans oublier la réouverture de musées. C'est avec satisfaction que Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (FNM), dresse à Al Bayane le bilan des activités de l'institution qu'il préside. Un bilan somme toute positif que la FNM compte consolider en 2018 à travers l'organisation de plusieurs activités déjà programmées. Pour Qotbi, l'année 2017 aura été «l'occasion de faire découvrir aux Marocains des noms prestigieux, mais aussi de contribuer à placer Rabat sur la carte des rendez-vous internationaux de l'art moderne et contemporain». Al Bayane : Le Musée Mohammed VI d'Art Moderne et Contemporain de Rabat a abrité en 2017 de grands événements, entre autres «De Goya à nos jours», «Face à Picasso», « l'Afrique en capitale»… Quel bilan faites-vous de cette année? Mehdi Qotbi : A l'instar des années précédentes, l'année 2017 a été riche en événements d'envergure. C'était également l'occasion de faire à nouveau découvrir aux Marocains des noms prestigieux, mais aussi de contribuer à placer Rabat sur la carte des rendez-vous internationaux de l'art moderne et contemporain. Et ce, dans la continuité de l'esprit que Sa Majesté a donné à Rabat, ville lumière capitale de la culture. Plus qu'une simple exposition, «L'Afrique en capitale», qui a notamment été exposée au Musée Mohammed VI, a fait vibrer Rabat aux couleurs du continent. Au-delà des expositions qui ont investi plusieurs espaces d'art de la capitale, cet évènement qui a vu exposés les plus grands noms de l'art africain a également été l'occasion de faire partager d'autres aspects de cette culture qui regorge de richesses, notamment à travers des concerts, des conférences... Nous ne pouvons parler de 2017 sans revenir sur l'expo-évènement « Face à Picasso » qui a permis de mettre ce génie à la portée de tous les Marocains. Et je peux vous dire qu'à travers ce genre d'exposition, la démocratisation de la culture a lieu ! Aujourd'hui, une collection qui n'a jamais quitté le territoire ibérique nous a été prêtée par Banco de España. Enfin, l'art marocain n'était pas en reste, et cette fois-ci, nous avions choisi de mettre en lumière la création féminine de 1916 à 2016. Qu'en est-il de votre politique en matière de développement de la « culture muséale » ? Afin de rendre l'art accessible à tous les Marocains, la Fondation Nationale des Musées a entrepris une profonde politique de rénovation des musées afin de les rendre plus accueillants et de favoriser leurs fréquentations. L'année 2017 marque ainsi la réouverture de musées qui permet aux Marocains de redécouvrir tout un pan de leur histoire. A Tanger, par exemple, nous avons ouvert le Musée des civilisations méditerranéennes ; à Rabat, le Musée de l'histoire et des civilisations ; à Marrakech, plus récemment, le Musée des Confluences Dar el Bacha avec une collection inestimable. Et bientôt, nous ouvrirons le Musée national de la céramique de Safi et le Musée national du tissage et du tapis Dar Si Said à Marrakech. Suivront le Musée Dar Jamai à Meknès, le Musée de Tétouan et le Musée Batha de Fès qui sera consacré aux arts islamiques. De plus, pour faciliter l'accès aux musées à l'ensemble des Marocains, nous avons instauré la gratuité les mercredis pour les étudiants et les vendredis pour tous. Quelles sont les retombées du patrimoine muséographique sur l'économie nationale ? La fréquentation des musées est en constante évolution. Elle apportera certainement sa contribution à l'essor socio-économique et culturel des régions dans un futur que j'espère proche. En règle générale, l'attractivité culturelle d'une ville représente une valeur ajoutée et a un impact substantiel dans le tissu économique local. Vous avez mentionné lors du vernissage qui a eu lieu à Dar El Bacha-Musée des Confluences que «70% des œuvres exposées proviennent du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée de Marseille (Mucem), alors que 30% sont issues de la collection de musées marocains ». Quel message l'exposition « Lieux saints partagés, au croisement des trois religions monothéistes » veut-elle transmettre au grand public ? Cette exposition revêt une importance primordiale de par sa symbolique illustrant le message de tolérance, de paix et d'amour porté par le Royaume sous la direction de Sa Majesté le Roi. Dar El Bacha – Musée des confluences de Marrakech est l'un des phares de cette doctrine méditerranéenne, profondément humaniste et résolument universelle. Pour le Maroc, l'exposition a été adaptée en insistant sur les lieux saints partagés du pays. Le public pourra par ailleurs voir la dimension anthropologique de certains monuments et lieux saints et découvrir des objets, œuvres d'art, photographies et vidéos provenant du Mucem mais aussi de collections marocaines. Vous avez visité différents musées à travers le monde. Y aura t-il bientôt des collaborations et des échanges d'œuvres entre les musées marocains et mondiaux? Ces voyages et ces contacts me permettent de consolider les liens professionnels et amicaux avec les différentes institutions culturelles afin de créer des passerelles dans ce domaine entre le Maroc et le monde. Dans cet esprit de partage, en plus d'accueillir les collections des grands musées, des chefs d'œuvres de notre patrimoine tels que le buste en bronze de Juba II ont été exposés au Moma de New-York, ou encore au Mucem de Marseille dans le cadre de l'exposition « Splendeurs de Volubilis ». Quelles sont les nouveautés de la FNM pour 2018? L'année 2018 débutera avec l'exposition commémorant le cinquantenaire de la disparition du grand peintre Ahmed Cherkaoui, père de la modernité artistique marocaine, en mars. Elle se poursuivra le 24 Avril avec l'exposition événement « La Méditerranée et l'art moderne » en collaboration avec le Centre Georges Pompidou où seront exposés au MMVI des chefs d'œuvres de Dali, Braques, Picasso et Miro. Par ailleurs, nous préparons une grande exposition du patrimoine marocain à Abu Dhabi. Et bien évidemment, nous poursuivons la rénovation des musées. Un dernier mot de votre part? Nous avons le devoir d'ouvrir aux générations futures la diversité et la richesse de notre patrimoine culturel.