Ce sont près de six millions de Honduriens qui, ce dimanche 26 Novembre, se sont rendus aux urnes, dans une atmosphère très tendue, pour élire un nouveau président. Or, considérant que la Constitution de ce petit pays d'Amérique Centrale, situé au cœur «du triangle de la mort» et qui, miné par les gangs et la pauvreté détient le record en matière d'homicides ne permet pas au Chef de l'Etat de briguer un second mandat, ce dernier aurait usé d'un curieux stratagème pour essayer de se maintenir au pouvoir; à savoir, s'appuyer sur sa formation politique, le Parti National (Droite) qui contrôle les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire pour «obliger» la Cour Suprême à donner une interprétation de la Constitution du Honduras qui lui permettrait de passer outre cette interdiction, donc de briguer un nouveau mandat. Ainsi, bien que la Constitution lui interdise de se représenter, la Cour Constitutionnelle du Honduras l'a finalement autorisé à se porter candidat à sa propre succession. Pour rappel, en 2009, l'ancien président du Honduras Manuel Zelaya, qui, cette fois-ci s'est également porté candidat à la magistrature suprême, avait été chassé du pouvoir par l'armée lorsqu'il avait voulu amender la Constitution afin de briguer un second mandat. S'étant présenté, cette fois-ci au nom d'un parti d'opposition au même titre que Salvador Nasralla, les deux candidats rivaux du chef de l'Etat, Nasralla et Zelaya, ont déclaré, d'une même voix, qu'ils ne reconnaitront en aucune manière une victoire du Président Hernandez et ce, d'autant plus que celui-ci avait déjà accédé en 2013 à la magistrature suprême du pays à l'issue d'élections empreintes de fraudes massives et de falsifications; ce que la gauche avait fortement contesté. Craignant cette fois-ci des débordements et soucieux de garantir la sécurité du vote, le gouvernement aurait déployé quelques 35.000 soldats et policiers sur l'ensemble du territoire. Et si, dès la clôture des bureaux de vote, le président Juan Orlando Hernandez a déclaré devant les militants du PartidoNacional: «Le décompte est plus que clair et indiscutable, nous avons gagné cette élection», mal lui en pris car, au même moment, son principal rival, Salvador Nasralla, journaliste de télévision et candidat de «l'Alliance de l'opposition contre la dictature», une coalition de partis de gauche, a lui aussi revendiqué la victoire. Ainsi, si la journée de dimanche s'est déroulée sans incidents particuliers, la soirée a été riche en rebondissements puisque les deux protagonistes ont, chacun de son coté, revendiqué la victoire et fait descendre dans les rues leurs partisans par milliers pour «faire la fête». Or, force est de constater, toutefois, qu'après le » décompte de la moitié des bulletins, Salvador Nasralla, à la tête d'une très large coalition de partis de gauche dite «Alliance d'opposition contre la dictature» aurait obtenu 45% des suffrages pendant que le président sortant n'en aurait eu que 40%. La majorité absolue n'étant pas nécessaire, Salvador Nasralla semblerait donc, pour l'heure, assuré d'arracher le fauteuil présidentiel à Juan Orlando Hernandez, «grand allié des Etats-Unis dans la lutte contre le trafic de drogue et l'immigration clandestine» malgré le bilan plutôt positif affiché par celui-ci en matière de sécurité, de croissance économique et de baisse du déficit.