Est-ce que la Bourse permet de préparer la retraite? Cette question se pose car deux principaux cas peuvent exister. Le premier est celui des actifs qui ne disposent pas de régime de retraite, vu la nature de leur activité libérale. Le second est celui de ceux qui ont un régime retraite mais qui estiment que les pensions futures seront d'un montant insuffisant pour couvrir leurs besoins. D'où, un besoin de retraite complémentaire qui se pose. Ainsi, la Bourse constitue une alternative crédible pour préparer sa retraite aux côtés de l'immobilier, de l'assurance vie ou d'autres formes de placements financiers. Pour l'état des lieux, actuellement, le patrimoine financier des ménages marocains qui représente un peu moins de 70% du PIB, est essentiellement placé au niveau des dépôts bancaires avec une part supérieure à 80% de dépôts bancaires. Les placements en valeurs mobilières et en assurance ne représentent que 10% et 8% respectivement. Par ailleurs, au niveau des dépôts, une part de 55% est placée à vue. Aussi, les ménages marocains ont continué à s'endetter en majeure partie pour financer l'acquisition de biens immobiliers. Ainsi, les crédits à l'habitat ont représenté 64% de la dette globale contre 36% pour la part de la dette finançant les besoins de consommation. En pourcentage du PIB, la dette financière des ménages représente une part de près 30%. En dynamique, 2016 a été marquée par la décélération de la croissance des dépôts bancaires, avec une hausse de 5,6% contre 6,6% en moyenne au cours des deux dernières années. Surtout, les dépôts à terme, ont connu une baisse de 5% enregistrée pour la première fois depuis 2009, certainement en lien avec la baisse du taux d'intérêt. De l'autre côté, les placements des ménages en valeurs mobilières ont augmenté de 9% en 2016, provenant quasi intégralement de la progression de 9% des titres de propriété, dont le poids représente 89% de ces placements. Ainsi, la tendance semble plutôt plaider pour un intérêt pour la Bourse comme moyen de placement et donc de préparation implicite pour la Bourse. D'ailleurs, en 2016, le volume des transactions en Bourse, des personnes physiques, a plus que doublé, représentant plus de 11% du total des échanges. En effet, la Bourse a comme principal argument celui d'offrir un bon rendement sur le moyen-long terme. Ainsi, au Maroc, pour le marché actions, selon nos calculs, entre 1993 et 2016, l'indice boursier affiche un taux d'accroissement moyen de 7,2% auxquels il fait rajouter un rendement de dividende moyen de 3,3%. Aussi, intuitivement, les caisses de retraite les plus exposées à la classe d'actifs des actions, semblent être celles qui se portent le mieux, même si le facteur des réformes paramétriques est à prendre en considération. Toutefois, pour ceux qui ont répondu non au sondage, le pessimisme peut s'expliquer par deux principales raisons en plus de l'attrait historiques des produits bancaires. La première est celle de la préférence potentielle envers les produits d'assurance-vie, notamment vu la fiscalité plus avantageuse au niveau de l'IR. Un tel avantage peut être conséquent dans le cas des hauts-salaires avec une composante variable significative. La seconde raison peut être liée à une mauvaise expérience personnelle avec un stock-picking malheureux et/ou un conseil défaillant. En effet, sur le court terme, les pertes en Bourse, peuvent être conséquentes avec de grosses déceptions. Farid Mezouar