Le contrat est pleinement rempli. La sélection marocaine de football tient son destin entre ses mains pour poinçonner son ticket pour la Coupe du Monde-2018 de football en Russie, lors de son déplacement périlleux à Abidjan pour affronter les Eléphants ivoiriens, samedi pour le compte de la sixième et ultime journée des éliminatoires africaine (groupe C). Partis en pole position dans ce duel ultra-décisif, à la faveur des neuf points récoltés durant les cinq précédentes rencontres, les Lions de l'Atlas seront appelés à poursuivre sur cette même lancée pour aller quêter à minima un nul vierge, synonyme de qualification directe, ou pourquoi pas frapper fort et battre chez eux, ceux que l'on surnommait autrefois « les bourreaux » du Maroc. Ce parcours héroïque des Marocains dans les éliminatoires n'est nullement le fruit du hasard. Il est le résultat d'un travail sérieux mené par le sélectionneur national Hervé Renard et ses protégés et dont l'éclat ne cesse de s'accroître depuis la dernière CAN-2017 au Gabon. En faisant parler un petit peu les statistiques, l'on constate que le Maroc s'est accaparé la première place du groupe C avec mérite. Neuf points récoltés, autant de buts marqués et aucune réalisation encaissée, dénotent, à bien des égards, la solidité de cette formation marocaine, tant sur le secteur défensif que sur la zone offensive, en passant tout logiquement par le milieu de terrain. L'entraîneur de la sélection ivoirienne Marc Wilmots, qui semble bien connaître les potentialités tactiques et humaines du Onze national, confirme ce constat. « La force de l'équipe marocaine prend ses racines du milieu de terrain », a fait d'emblée savoir le Belge, précisant par la suite que le trio qui constitue cette zone du jeu (Boussoufa, El Ahmadi et Ziyech) permet à toute l'équipe de développer un jeu organisé et collectif. Effectivement, grâce à une capacité impressionnante, tant dans la récupération que dans la création du jeu, dont Boussoufa et El Ahmadi ont le secret et à la vision profonde de Ziyech, capable à tout moment à donner des caviars aux attaquants, les Marocains pourraient facilement créer des failles dans la défense ivoirienne et s'offrir des opportunités à concrétiser. Lors cette rencontre choc, le Maroc peut également s'appuyer sur l'expérience de l'homme des « grands rendez-vous », Mehdi Benatia. Quoiqu'il n'ait pas été épargné par les pépins physiques, le N°5 marocain a évolué dans les clubs les plus prestigieux d'Europe (Udinese, Rome, Bayern Munich et Juventus de Turin), sous la houlette de grands entraîneurs (Guardiola, Allegri…) et côtoyé des joueurs de classe mondiale. Les joueurs du milieu de terrain outre Benatia n'omettent pas le rôle important des nouveaux venus. Les jeunes Hakimi, premier joueur marocain à disputer un match de Ligue des champions avec le Real de Madrid, ou encore le talentueux Bencharki, récemment vainqueur de la Ligue des Champions d'Afrique avec le WAC et dont les Egyptiens se souviendront longtemps de son nom, après celui de Mustapha Hajji, seraient, eux aussi, amplement en mesure de créer la différence et offrir de larges choix tactiques lors de cette rencontre. En revanche, la Côte d'Ivoire, en phase de reconstruction après le déclin de la génération dorée des Drogba, Kolo et Yaya Touré, et Zokora pour ne citer qu'eux, n'a pas accompli ce que l'on attendait d'elle. Bilan des deux dernières rencontres : une défaite à domicile face au Gabon (2-1) et un nul vierge sur la pelouse du Mali (8 points au total) ont offert les commandes du groupe C au Maroc, qui n'aura besoin que d'un petit point pour réaliser un rêve attendu depuis France-1998. Autre point qui pourrait faire pencher la balance en faveur des Lions est l'absence de quelques piliers de l'équipe ivoirienne. Le sélectionneur belge doit, ainsi, se passer des services du défenseur de Sunderland Lamine Koné touché au genou et à un adducteur, du milieu de terrain de Nice Jean Michaël Séri, victime d'une lésion musculaire et du défenseur de Manchester United Eric Bailly pour cumul de cartons. Gervinho, Kodjia et Gnagnon, eux, sont incertains. Pour toutes ces raisons techniques et tactiques, les Lions de l'Atlas seront appelés à « mouiller le maillot » pour offrir au peuple marocain une qualification tant attendue, et lui prodiguer une deuxième joie footballistique, après le sacre du WAC en Ligue des Champions.