«Nous vivons une journée triste dans laquelle la déraison s'est imposée sur la loi et a fait tomber la démocratie en Catalogne» furent les mots du Chef du gouvernement espagnol ce vendredi 27 Octobre 2017; moins d'une heure après la proclamation à Barcelone de la République Catalane par 70 des 135 députés régionaux et l'approbation, par le Sénat, de la mise sous tutelle de la Catalogne en application des dispositions de l'Article 155 de la Constitution espagnole. Ainsi, pour «rétablir la loi, préserver la reprise économique et restaurer le vivre-ensemble» en Catalogne, Mariano Rajoy a destitué le gouvernement catalan, dissous le Parlement régional et appelé à des élections le 21 Décembre prochain; une réponse «ferme et expéditive» que d'aucuns voient comme étant digne du franquisme et qui n'avait jamais été utilisée depuis la mort du Caudillo et le retour de la démocratie en Espagne. Le Chef du Gouvernement espagnol a aussi donné ses instructions pour la fermeture immédiate de sept «ambassades» catalanes à l'étranger; en somme des bureaux à Paris, Londres et Berlin qui, ces dernières années, avaient plaidé en faveur d'un référendum d'autodétermination en Catalogne tout comme il a destitué les délégués du gouvernement catalan à Madrid et à Bruxelles. A noter également que la Bourse espagnole qui, après la déclaration d'indépendance de la Catalogne, avait chuté de plus de 2% a fini par remonter – même si ce n'est que de façon très timide – après la mise sous tutelle de la région. A ses détracteurs qui évoquaient «un retour à la dictature» Mariano Rajoy, dont la décision a été saluée par les principaux responsables politiques du pays, a répondu que, pour contrecarrer la sécession, la principale arme de la démocratie reste la convocation d'élections. Lui emboitant le pas, le porte-parole du Parti socialiste catalan voit dans la démarche du Chef du gouvernement espagnol, «un rayon de lumière» face à «la décision erronée et irresponsable des indépendantistes» alors que, pour Pedro Sanchez, le Chef du Parti Socialiste, «la Catalogne continuera d'être en Espagne» car «il n'y a aucun combat de gauche dans les rangs sécessionnistes mais seulement de l'égoïsme». Aussi, ce dernier voit-il, dans la mise sous tutelle de la Catalogne en vertu de l'Article 155 de la Constitution, «une porte ouverte à l'espoir». Et même si, de son côté le Président de la Catalogne qui a laissé entendre qu'il n'accepte pas sa destitution, a appelé ses concitoyens à «mener une opposition démocratique» à la prise de contrôle de la Catalogne par Madrid, force est de constater, toutefois, que, pour sortir le pays de la pire crise politique qu'il ait connu depuis le retour de la démocratie, le gouvernement espagnol ne s'est pas empêché d'inviter, par la voix de son porte-parole, le président de la Catalogne, à «se préparer pour les prochaines élections». Puisse le rejet, par Madrid, de toute forme de séparatisme et le soutien indéfectible que lui a apporté Rabat au titre de la préservation de son unité et de son intégrité territoriale, pousser les dirigeants espagnols à revoir leur position quant au parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc!