C'est la question que se posent nombre de professionnels du secteur dans la capitale du Souss, au lendemain de la démission de Guy Marrache, le patron de la chaîne hôtelière Tikida, à la tête du Conseil Régional du Tourisme (CRT) d'Agadir Souss Massa? On le savait déjà, depuis que l'ancienne Wali lui aurait forcé la main, cet opérateur n'avait jamais porté l'action de bénévolat associatif dans son cœur, de crainte d'être constamment sollicité pour joindre les deux bouts. Il en était fréquemment allergique et faisait en sorte qu'elle finisse par tourner au vinaigre. Ceci étant, la devise selon laquelle le succès des uns se trouve dans la désunion des autres, semble l'emporter dans un domaine qui a justement besoin de la conjugaison des efforts de toutes les composantes de la trilogie Public-Autorités, Elus-Conseillers et Promoteurs-Investisseurs. C'est la raison pour laquelle on avait pensé à fonder une structure fédératrice à partir de ces trois constituantes essentielles qu'on avait baptisé d'abord le GRIT, ensuite le CRT, afin d'asseoir un espace de réflexion, de concertation et de rehaussement de l'industrie touristique régionale, toutes activités réunies, en parfaite synchronie avec les décideurs du Pouvoir central, notamment le département de tutelle et sa filiale, en l'occurrence l'Office National Marocain du Tourisme (ONMT), en tant qu'outils d'orientation et de promotion. Une approche inclusive qui associait une panoplie d'intervenants autour de ces principes fondateurs de communion et de mutualité! Dans ce sens, on se souvient, il y a un peu plus d'une décennie, d'un bel exemple de synergie où un certain Saïd Scally, professionnel de renom, ayant mené une bataille sans précédent pour la problématique de l'aérien auprès de l'ONDA et de la RAM et président du CRT à l'époque, avait pu rassembler pour les prestigieux Salons de tourisme de Moscou (MITT), de Londres (WTM) et de Berlin (ITB), tout un parterre d'acteurs d'Agadir et de Souss-Massa-Drâa, notamment le Wali, Rachid Filali, le président du conseil régional, Aziz Akhannouch, le maire de la ville, TariqKabbage, le président de la Chambre de commerce, d'industrie et de services, Saïd Dor, le préfet de police, Abdellah Mountassir, ainsi qu'une pléiade de professionnels influents du tourisme dans la région. Il fallait avoir beaucoup de cran et de tact pour parvenir à convaincre tout ce beau monde à faire le détour et à décrocher des contrats auprès des marchés émetteurs pour booster la destination, dans la concorde et la symbiose. Qui pourrait tenter de réitérer pareil coup, en ces moments de déboires, nécessitant des sursauts salutaires ? Qui prendrait la relève pour secouer le cocotier et redorer le blason de cette instance, projetée au creux de la vague ? En effet, au fil du temps, on se rendait compte qu'après ces débuts enthousiastes et prometteurs, ces vertus sur lesquelles reposait l'action du CRT, s'effritaient par manque de charisme et de gouvernance. Pour des calculs souvent malintentionnés, on avait, par la suite, confié les rênes du CRT à des «commis», sans autorité ni autonomie, puisqu'ils vouent de l'allégeance à leur «supérieurs» à distance. On se permettait alors de faire proliférer le tourisme de proxénétisme du Golf sans pudeur et le «All Inclusive» abusif sans rigueur. La suite, on la connaît : une situation touristique en décadence, car nombre de vrais professionnels, imbus de savoir-faire et de civisme, préfèrent se retirer et garder le silence de crainte de se faire lyncher. Le conglomérat cimenté qui faisait la force du CRT se disloquait en lambeaux déchiquetés face à cette déplorable déchéance. Aujourd'hui, le CRT d'Agadir ne motive plus, ne mobilise plus, ne rayonne plus, en dépit des sacrifices de quelques membre qui persistent encore et du personnel qui endure encore. Le départ compréhensible de certains gros calibres chevronnés, la disparition regrettable d'autres, en particulier feu Belahcen Ouakrim, l'immixtion de l'Autorité dans la désignation des présidents, en lieu et place d'une élection démocratique issue de la volonté des professionnels…sont autant de facteurs qui ont dévalorisé le rôle du CRT et réduit sa mission à une simple tâche de wagmestre, à la merci des caprices de ses protégés et à la disposition des pourvoyeurs des bourses du corps des élus. L'Autorité qui doit se mordre les doigts, des années durant, pour ses choix souvent entachés de complaisance et de sectarisme, se porte pour responsable de cette déconfiture à l'égard des professionnels livrés à leur sort et laissés pour compte par l'institution centrale. En fait, celle-ci ne peut être réactive à une institution régionale mise à mal par ses propres anomalies. On ne peut pas forcer la décision du Centre si la Marge n'est pas assez forte et cohérente pour former le lobbying de pression et drainer sur Agadir les fonds idoines, en termes de subventions, de promotion, de transport aérien, d'infrastructures aéroportuaires, de logistiques. On ne peut donc que faire appel, par conviction et conscience, à des personnages du secteur qui ont déjà fait leurs preuves, par leur dynamisme, leur audace et leur métier, en vue de recouvrer l'âme et l'éclosion d'une entité rassembleuse, éclaboussée par des brebis galeuses et rendue fébrile, sans aucun effet sur l'entourage aussi bien régional que national voire mondial. Ces personnes existent toujours dans le secteur et attendent que la voie soit libre et qu'on reconnaisse leurs aptitudes et s'éloigne des nullités nocives, pour une investiture saine et conforme aux statuts.