Le transport routier est le moyen le plus dominant au Maroc. Le programme de construction d'autoroute joue un rôle de premier plan dans le désenclavement du pays en mettant le Maroc profond sur la voie du développement. Le Maroc emprunte l'autoroute du développement. Cette réalité est vérifiée avec l'accélération des rythmes des réalisations. Le coup d'envoi des travaux de construction de l'autoroute Berrechid -Beni Mellal s'inscrit dans un cadre plus global et volontariste pour désenclaver le Maroc profond. On en convient qu'aucun développement n'est possible quand une grande partie du Maroc reste en dehors des plans de développement d'infrastructures. Au nord comme au sud mais aussi dans les montagnes de l'Atlas, des millions de personnes ont été laissées pour compte durant des décennies. Mais les choses donnent une réelle impression de changer. Des plans d'urgence ont été mis en place pour accélérer le rythme de désenclavement en faveur de ces populations. Dans ce sillage, l'autoroute Berrechid -Beni Mellal est un projet ambitieux. En effet, elle desserve successivement des agglomérations importantes, en terme de nombres d'habitants et de potentiel de développement agricole, touristique mais aussi industriel. Il s'agit de Ben Ahmed, Khouribga, Oued Zem, Bejaâd, Fkih Ben Salah et Kasba Tadla qui comptent un potentiel économique énorme. Cette autoroute dont le coût global s'élève à 5,75 milliards de dirhams permettra de réaliser un trafic prévisionnel de 4.150 véhicules par jour en 2015. Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un programme autoroutier complémentaire portant sur la construction de nouvelles liaisons permettant la réalisation, outre l'autoroute Béni Mellal-Berrechid, de l'autoroute de contournement de Rabat sur 41 km, l'autoroute El Jadida-Safi sur 140 km et l'autoroute Casablanca-Berrechid via Tit Mellil sur 30,5 km. Parallèlement, l'élargissement à trois voies de l'autoroute Rabat-Casablanca viendra renforcer l'infrastructure existante. Ainsi, les pouvoirs publics visent de doter le pays, à l'horizon 2015, d'un réseau autoroutier de 1.800 kilomètres d'autant plus complet qu'il aura réussi, en une dizaine d'années, à désenclaver l'ensemble des villes dont la population dépasse les 400.000 personnes. Pari réussi, diront les observateurs. Le désenclavement des habitants du Maroc profond, qui représentent 47 % de la population totale, devient possible d'autant plus que l'urbanisation galopante ne s'est pas toujours accompagnée de la réalisation des infrastructures les plus élémentaires. L'accélération du rythme de réalisation des autoroutes permettra-t-il le désenclavement du Maroc ? La réponse est négative d'autant plus que, parallèlement à un désenclavement régional, il est nécessaire de mener un programme de désenclavement intra-régional. La réalisation souhaitée d'une autoroute Laâyoune-Smara pour désenclaver le triangle Nord-Est du Sahara marocain est souhaité par les habitants et les promoteurs de la région. Ce triangle concentre 70% des habitants et des activités économiques du Sahara marocain. La majorité des grandes villes et des communes rurales sahariennes est concentrée dans cette région (Laâyoune, Elmarsa, Boujdour, Smara, Boucraa, Deroua et El Mesied). Il y a également des projets d'autoroutes reliant Marrakech-Ouazazate, Beni Mellal-Meknès et Fès-Tétoun. Ces projets viendraient avec le temps, dira-t-on du côté des pouvoirs publics. Mais qu'en est-il des autres infrastructures de base. La question nécessitera un débat de fond qui ne manquera pas d'être largement suscité par le projet de régionalisation lancé par SM le Roi et qui devra aboutir dans un avenir très proche. Réhabiliter le Maroc profond est ainsi une question de démocratie participative, encore faut-il que cette démocratie permette une répartition plus équitable des richesses du pays.