C'est désormais une tradition. A chaque rentrée scolaire et universitaire, les acteurs amazighs pointent du doigt l'état de santé de l'enseignement de l'amazigh dans le système éducatif marocain. Pas moins d'un mois avant la rentrée scolaire que le ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Mohamed Hassad, souhaite être «exceptionnelle», les associations et des acteurs civils tirent la sonnette d'alarme sur l'enseignement de l'amazigh et son recul dans l'école publique. En effet, la loi organique relative à la mise en œuvre du statut officiel de l'amazigh a connu un retard. Il va sans dire que ce retard entrave le développement de l'amazigh dans l'enseignement comme dans la vie publique, selon le tissu associatif et les activistes amazighs. Pour Meryam Demnati, membre du bureau de l'Observatoire Amazigh des Droits et Libertés, ce retard est lié essentiellement à la loi organique qui n'est pas toujours votée au parlement. En effet, jusqu'aujourd'hui, le projet de loi organique n°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique est encore sur les bureaux de la Chambre des Représentants. «Nous avons été invités à écouter les exposés au parlement il y a plusieurs semaines. Nous avons écouté le ministre de la Culture et d'autres personnes au parlement, mais apparemment les choses ne sont pas encore claires. Nous sommes très inquiets parce que les choses ne sont pas transparentes», souligne Demnati dans une déclaration. La membre du bureau de l'Observatoire Amazigh des Droits et Libertés voit les choses en noir en ce qui concerne l'enseignement de l'amazigh. «Nous avons remarqué qu'à chaque fois qu'il y a un nouveau ministre, il y a un nouveau discours. Et pourtant, il y a une langue qui est officielle dans la constitution, qui est enseignée depuis 2003 et qui existe. A chaque fois, on vous sort l'histoire de loi organique ou quelque chose d'autre. Avant, c'était l'officialisation de la langue amazighe», déclare Demnati. «J'ai l'impression que les choses ont beaucoup changé depuis 2003. J'ai l'impression qu'il y a un grand recul dans le discours de l'Etat. Je pense que l'amazigh est le dernier de leurs soucis en ce moment», déplore t-elle. En matière d'enseignement de l'amazigh, Meryam Demnati estime que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous et un long chemin reste encore à parcourir. Pour ce qui est de l'enseignement supérieur, la note circulaire adressée par le chef de gouvernement, Saâdeddine El Othmani, aux ministres et secrétaires d'Etat, ainsi qu'aux responsables de six instituts publics d'enseignement supérieur concernant l'enseignement de l'amazigh dans quelques institutions et instituts supérieurs, reste un geste louable. Mais, des nouveautés pédagogiques et des mesures effectives afin de développer l'enseignement dans l'école et l'université marocaine restent très attendues pour une entrée qui se veut «exceptionnelle».