L'équipe du Fonds monétaire international (FMI), en visite au Maroc, est plus optimiste que le gouvernement. Selon ces responsables de l'institution de Bretton Woods, la croissance de l'économie marocaine devrait rebondir cette année à 4,8%, soit 0,3 points de plus que la prévision fixée dans la loi de finances de 2017. Pour Nicolas Blancher, chef de mission du FMI, qui intervenait lors d'une conférence de presse, lundi à Rabat, tous les ingrédients sont réunis pour que la croissance marocaine redécolle. «Les perspectives économiques pour 2017 sont favorables. Après la sécheresse de 2016, la croissance devrait rebondir à 4,8 %, grâce à une reprise vigoureuse dans le secteur agricole, tandis que la croissance hors agriculture s'accélérerait de manière modeste à 3,3% (+ 0,2 point)», a-t-il précisé. De même, l'inflation devrait se limiter à 0,9%, selon le FMI, alors que le budget de 2017 la fixe à 1,7%. Parallèlement, le déficit des transactions extérieures courantes devrait se réduire à 4% du PIB en 2017, grâce notamment à la croissance continue des exportations et ce, malgré l'augmentation des importations énergétiques. De son côté, le déficit budgétaire devrait se réduire à 3,5 % du PIB, grâce à l'augmentation des recettes et à la maîtrise des dépenses. Sur le même registre, l'équipe du FMI salue les réformes budgétaires menées par le gouvernement pour mettre en place un système fiscal plus équitable et plus juste afin de réduire la dette publique à moins de 60 % du PIB d'ici 2021. «Ces efforts sont essentiels pour accroître les marges de manœuvre nécessaires afin de réduire la pauvreté et de promouvoir l'emploi au moyen de dépenses publiques, en particulier l'investissement et les programmes sociaux qui profitent aux couches les plus pauvres de la population et qui aident à réduire les inégalités», estime l'équipe du FMI. D'ailleurs, le chef de la mission du FMI a vivement recommandé l'accélération de toutes les réformes structurelles visant à améliorer le climat des affaires et la gouvernance, à lutter contre la corruption, à réduire le chômage, en particulier chez les jeunes et à réduire les disparités régionales et sociales. Il a également exhorté le gouvernement à réformer le système éducatif afin d'améliorer les qualifications des travailleurs. Car, faut-il le rappeler, les opérateurs économiques pointent souvent l'inadéquation entre l'offre et la demande d'emploi. Le chef du gouvernement, qui s'est entretenu avec Blancher avant la conférence de presse, s'est en tout cas engagé à poursuivre les réformes structurelles, à renforcer les programmes sociaux et à améliorer les approches adoptées aux différents niveaux. Une orientation qu'appuie d'ailleurs le FMI. Mais les discussions ont particulièrement porté sur la 2e revue de l'accord au titre de la ligne de précaution et de liquidités. Selon Blancher, l'achèvement de la revue par le Conseil d'administration permettra au Maroc d'accéder à près de 3,42 2.504 milliards de dollars. A priori, le Maroc n'aura pas à puiser dans ces liquidités puisqu'il n'y a pas de détérioration sévère de l'économie internationale. Ses indicateurs économiques devront donc être à l'abri des chocs exogènes. Hajar Benezha
Le Maroc est-il prêt pour la flexibilité du DH? Le responsable du FMI s'est exprimé sur la réforme du régime de changes. Pour lui, le Maroc est prêt à franchir le pas, alors que chef du gouvernement a déjà justifié le report de l'entrée en vigueur de la réforme par la nécessité de finaliser les études pour en mesurer l'impact sur le citoyen et les opérateurs économiques. «Le Maroc est prêt depuis près de six mois», affirme Blancher. Cependant, «la réforme est une décision souveraine et volontaire prise dans le cadre d'un long processus d'intégration du pays dans l'économie mondiale», dit-il. Blancher n'y voit aucun risque pour le Maroc. Les stress tests effectués l'auraient confirmé. «Quand on étudie de près les secteurs, nulle part on ne trouve d'exposition élevée au risque de change, même sous l'hypothèse d'une forte volatilité du dirham».