Concentration géographique des échanges, faible diversification des exportations, difficultés de gagner des parts de marché dans certaines régions de l'Afrique. Telle est l'image qui se dégage d'une nouvelle étude de l'Office des Changes, consacrée aux échanges entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne. Les échanges entre le Maroc et l'Afrique manquent toujours de structuration. C'est le constat qui se dégage en tout cas des dernières statistiques de l'Office des changes. Sur la période 2008-2014, les flux ont reproduit les mêmes faiblesses, notamment en matière de concentration géographique et sectorielle. L'essentiel des échanges reste orienté sur l'Afrique de l'Ouest avec une part de 58,2% en 2016. Cette part est appelée à augmenter avec la demande d'adhésion à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Les exportations à destination de l'Afrique de l'Ouest ont même triplé depuis 2008 en passant de 3,2 milliards de DH à 10,2 milliards en 2016. Sachant queles deux tiers sont absorbés par le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire et le Nigéria. Pour autant, la part de marché du Maroc en Afrique de l'Ouest a réalisé une timide progression pour s'établir – à peine – à 0,9 en 2015 contre 0,5% en 2008. Le paysest confronté à une très forte concurrence africaine. Des pays du continent, à l'instar du Sénégal et de la Guinée, ont amélioré leurs performances à l'export vers cette zone. Mais ce qui fait la force des échanges avec l'Afrique de l'Ouest est que le Maroc exporte plus qu'il n'importe. En effet, les importations sont restées limitées à 1 milliard de DH en 2016. D'autant que les produits échangés ont gagné en diversité. En effet, les expéditions marocaines à destination de l'Afrique de l'Ouest ne se limitent plus aux produits alimentaires dont les ventes ont, au contraire, baissé. D'autres secteurs commencent à prendre du poids dans la nouvelle structure, notamment les produits de l'industrie chimique (29,2% du total des exportations en 2016 contre 12% en 2008), et ceux de la fabrication d'autres produits minéraux non métalliques (4,7% en 2016 au lieu de 1,2% en 2008). En ce qui concerne les importations, celles-ci se concentrent davantage sur les produits de l'industrie alimentaire (65,5% en 2016 contre 39% en 2008). Mais il s'agit principalement de tourteaux et autres résidus des industries alimentaires (alimentation pour animaux), des cuirs et peaux et du thé. Les statistiques de l'Office des Changes montrent aussi que le Maroc peine à gagner des parts de marché en Afrique de l'Est, en dépit de la hausse des échanges. La part de marché du Maroc en Afrique de l'Est entre 2008 et 2015, enregistre une quasi-stagnation autour de la valeur de 0,2% en moyenne, similairement à plusieurs autres pays africains. Ses produits sont confrontés à une très forte concurrence africaine avec le Mozambique qui détient le plus gros des parts de marché, et européenne (Danemark et Pologne notamment). Peu importe, les exportations marocaines à destination de l'Afrique de l'Est ont emprunté une tendance haussière, passant de370 millions de DH en 2008 à 2,6 milliards DH en 2016, en hausse de 27,8% entre 2008 et 2016. Elles sont prédominées par les produits de l'industrie chimique dont la part est passée de 61,2% en 2008 à 88,7% en 2016, au détriment des produits alimentaires (7,7% du total des exportations en 2016 contre 28,8% en 2008). Mais la croissance des importations en provenance de l'Afrique de l'Est a également été importante. En effet, les achats en provenance de cette région ont totalisé 347 millions de DH en 2016 contre 180 millions en 2008, soit une hausse de plus de 92%. En Afrique australe, les achats en provenance du Maroc, bien que largement inférieurs à ceux des autres régions, prennent de plus en plus d'envergure. Ils passent de 118 millions de DH en 2008 à 764 millions de DH l'année dernière avec une part de marché qui a atteint 0,2% en 2015, après des parts quasiment inexistantes depuis 2008. Principal concurrent africain : la Guinée équatoriale. Dans le détail, les principaux clients du Maroc en Afrique Australe sont l'Afrique du Sud et la Namibie. Il reste toutefois du chemin à parcourir pour diversifier les exportations qui demeurent prédominées par les produits de l'industrie alimentaire et l'industrie chimique dont la part est passée de 21,3% et 1,4% en 2008 à 43,7% et 42,7% en 2016, au détriment de la baisse de la part des produits de fabrication d'autres matériels de transport (aucune exportation en 2016 contre 26,7% en 2008). Du côté de l'Afrique centrale, les échanges commerciaux enregistrent des baisses depuis 2014.