Les engagements de la vision 2020 du tourisme, qui accusent du retard, sont nombreux. Le pari de hisser le Maroc parmi les 20 plus grandes destinations mondiales est loin d'être gagné. Preuve en est le dernier classement mondial de la compétitivité touristique qui place le Maroc à la 65e position. L'ambition était aussi d'accroître les recettes touristiques pour atteindre environ 140 milliards de dirhams. A fin décembre 2016, les recettes se limitaient à 63,2 milliards de DH. Sur d'autres chantiers, le bilan n'est pas très reluisant. Le tourisme est encore concentré sur deux principales destinations : Marrakech et Agadir, alors que la stratégie touristique prévoit de faire émerger six nouvelles destinations. Le nouveau ministre du Tourisme, Mohamed Sajid, ne se voile pas la face. Lors d'une rencontre avec les responsables de la Confédération du Tourisme, tenue en fin de semaine dernière, il a indiqué que les indicateurs du secteur restent en deçà des prévisions de la vision. Mais pour expliquer le retard enregistré, il avance des arguments connus de tous, en l'occurrence la conjoncture économique défavorable et le contexte géostratégique instable. Face à ces difficultés, Mohamed Sajid veut apporter sa touche en adoptant une nouvelle stratégie. Cela rassure les professionnels du secteur, surtout que leur ministre de tutelle compte les impliquer dans les processus d'élaboration et d'exécution. La question se pose alors quant à la cohérence dans les stratégies, commente un opérateur du secteur. «Ne faut-il pas accélérer la cadence pour atteindre les objectifs de la vision 2020 au lieu de tout reprendre depuis le début?», s'interroge t-il. Lamya Boutaleb, secrétaire d'Etat en charge du tourisme, ne voit pas les choses du même œil. Pour elle, tout le défi est de mettre en place un plan d'urgence pour adapter la vision 2020 avec le contexte actuel. Car, explique t-elle, «la vision 2020 a été définie dans un contexte différent de celui d'aujourd'hui, notamment en matière de situation économique mondiale. La tutelle est appuyée par la Confédération nationale du tourisme. En effet, Faouzi Zemrani, vice-président de la CNT, estime qu'une nouvelle feuille de route doit être tracée pour relancer le secteur. L'élaboration de cette nouvelle feuille de route sera confiée à une commission regroupant des opérateurs du privé, en plus de la tutelle. L'idée est de tracer les actions pour les 5 prochaines années. Les ambitions fixées en 2010 seront revues à la baisse. Ainsi, l'objectif d'attirer 20 millions de touristes à l'horizon 2020 pourrait tomber à l'eau. La commission devrait s'appuyer sur les recommandations de l'étude du cabinet international BCG, qui ont été présentées devant le duo Sajid-Boutaleb et les représentants de la CNT. Parmi les propositions de BCG : se concentrer essentiellement sur Marrakech et Agadir pour attirer plus de touristes. L'étude prône aussi le renforcement des dessertes aériennes auprès des marchés émetteurs traditionnels, comme la France, l'Espagne et l'Allemagne. «Il faudrait aussi viser des marchés comme la Russie et la Chine dont les arrivés de touristes ont respectivement augmenté de 923% et 22%», prône un responsable à l'ONMT. Le plan azur devrait aussi retrouver son rythme de croisière. Sur ce registre, le vice-président de la CNT est catégorique: «la promotion du secteur passe nécessairement par le renforcement de la bonne gouvernance et le développement de l'offre balnéaire». Pour l'heure, le bilan global de cette composante est alarmant. Sur un objectif de 69.990 lits en 2010, le taux de réalisation n'a pas dépassé les 7,8% et se limite à 2,7% sur les 58.540 lits visés en 2020. De plus, les six stations balnéaires (Saïdia, Khmis Sahel, El Haouzia, Mogador, Taghazout et Plage blanche) peinent à émerger. A Saïdia, les lits restent inoccupés en dehors de la saison estivale. A Taghazout, le résultat est déconcertant. Selon les dernières statistiques disponibles, la station a connu la réalisation d'un hôtel de 360 lits, en plus d'une résidence hôtelière en cours d'une capacité de 360 lits, soit un total de 720 lits, représentant environ 10% par rapport à la capacité prévue. Le ministre du tourisme se veut toutefois confiant. Selon lui, cette station balnéaire sera bientôt achevée.