L'application d'une loi sur l'exploitation des carrières tarde à être mise en œuvre au Maroc. Le secteur reste ainsi soumis à une juridiction obsolète et caduque (dahir datant de 1914) et à des comportements où l'informel encourage la fraude et la concurrence déloyale en plus des impacts néfastes sur l'environnement. Cette situation est à déplorer d'autant plus qu'en 2002, une loi à ce sujet (la loi 08-01) a été promulguée, mais faute de textes d'application, elle est restée sans suites. Dernièrement, une autre version plus élaborée a été promulguée avec sa publication au Bulletin Officiel. Il s'agit de la loi 27-13 qui préconise une gestion responsable et pérenne de la ressource et détermine les droits et les obligations de chaque intervenant dans son exploitation. Depuis, les textes d'application de la loi 27-13 se font attendre. Il est légitime de s'interroger si des lobbyings sont exercés pour empêcher la mise en place de la loi. Ainsi, le pillage continue, celui des sables des dunes et des plages. Le concassage provoque des confrontations avec la population, particulièrement dans l'Oriental. La Dorsale calcaire dans le Rif apparait de plus en plus entamée et l'abandon de carrières sans restauration se poursuit. En général, les impacts sur l'environnement sont de nature très variée. Aggravés par la frénésie spéculative, ils sont conditionnés d'une part par les modalités de l'exploitation et d'autre part, par les caractéristiques environnementales du site à exploiter. Sur les cours d'eau, ils sont variables et pourront être d'autant plus importants que le nombre de carrières est élevé le long de la vallée alluviale. Les extractions en lit majeur et dans les aquifères alluvionnaires, lorsqu'elles atteignent la nappe phréatique provoquent des discontinuités et différents impacts au niveau des eaux souterraines. La qualité des eaux est impactée par une très forte augmentation des matières en suspension. La composition chimique des eaux connait aussi des changements avec des concentrations en métaux lourds (Cd, Zn, Pb) qui peuvent être observées. Les modifications de la morphologie des cours d'eau entraînent des inconvénients dans la dynamique écologique de la zone alluviale, de la diversité des habitats et des espèces qui y trouvent refuge, nourriture et sites de reproduction. Le dragage des fonds littoraux affecte de façon temporaire ou permanente, la productivité du milieu marin. Il modifie la topographie du fond dont l'importance vis-à-vis du benthos et plus généralement de l'équilibre biologique n'est pas à démontrer. Suites aussi à ces modifications, l'équilibre du littoral peut être affecté, entraînant des modifications des lignes de rivage et en particulier des plages qui sont menacées de disparaître. La turbidité provoquée par le remaniement des sédiments du fonds marin, indépendamment de la gêne intrinsèque qu'elle peut causer dans les zones touristiques, peut provoquer une baisse de la transparence de l'eau ayant pour conséquence une diminution de la pénétration de la lumière, donc de la photosynthèse. Le danger que pouvait constituer la désorption d'éléments toxiques fixés par la vase au cours de sa remise en suspension est aussi à évoquer. L'impact sur la biodiversité a été relevé par des études universitaires dans des zones où le dragage sauvage sévit. Si les entreprises de carrières sont créatrices d'emplois ; elles peuvent entretenir des rapports antagonistes, voire parfois conflictuels, avec d'autres secteurs socio-économiques (riverains des exploitations, les communes adjacentes, les associations de défense de l'environnement, les gens de la mer, activités nautiques, pêches ... etc.).