Maroc – France : Gérard Larcher appelle à un partenariat en direction de l'Afrique    Miloudi Moukharik reconduit à la tête de l'UMT pour un quatrième mandat    Le Maroc s'engage davantage en faveur des droits de l'Homme aux niveaux national et international    Rapprochement Maroc - Mauritanie : Nouvelle stratégie pour "étouffer" le Polisario [INTEGRAL]    Partenariat entre l'UM6P, OCP et Embrapa pour une agriculture durable    Bourse de Casablanca consolide ses gains à la clôture    Bank Of Africa et sa filiale IT Eurafric Information certifient leur Data Center selon la norme ISO 50001    Inflation sous la loupe: Quelles perspectives pour 2025 ?    Le marché monétaire évolue en équilibre du 14 au 20 février    PME et digitalisation : un potentiel à concrétiser    Poisson à prix raisonnable : une initiative pour contrer l'inflation    Terrorisme : L'instigateur de la cellule de Daech démantelée au Maroc identifié    Morocco receives its first AH-64E Apache helicopters    Croissance du PIB du continent : La BAD prévoit une accélération continue pour 2025 et 2026    Palestine : A Jénine, Israël réquisitionne les maisons de Palestiniens et les transforme en postes militaires    Etats-Unis : Licenciement d'au moins 1600 employés de l'USAID    Le pape François dans un état "critique", annonce le Vatican    Turquie : un dixième maire suspendu pour « terrorisme »    Un avion d'American Airlines atterrit en urgence à Rome suite à « une alerte à la bombe »    Nouveau souci pour Nayef Aguerd    Glory 98 : Victoire spectaculaire du combattant marocain Hamicha    Récap. J22 (Botola D1) : La RSB fonce, le MAT glisse !    National "Amateurs". J18 : Wydad Temara nouveau leader !    CAF : La VAR et un stage de remédiation pour ''sécuriser'' l'arbitrage des matchs à élimination directe de la LDC et la CCAF    Ligue 1 : Zakaria Aboukhlal s'offre l'un des plus beaux buts de la saison    Hakimi décisif contre Lyon avec 2 buts et une célébration provocatrice    Le Marocain Issame Charai prend les rênes du Rangers FC    Maroc - France : Deux complices de Mohamed Amra arrêtés à Marrakech    Températures prévues pour le mardi 25 février 2025    Morocco-Switzerland workshop : Advancing sustainable tourism in Beni Mellal    Sachets de nicotine "Pablo" : Cette dangereuse tendance qui menace nos jeunes    Le temps qu'il fera ce lundi 24 février 2025    Morocco : Miloudi Moukharik re-elected for fourth term as UMT leader    "Captain America" se maintient en tête du box-office nord-américain    Radio Abraham (www.radioabraham.net) : Un pont entre les cultures et un vecteur de compréhension mutuelle    Bénin. Le Festival des Arts célèbre la richesse et la diversité du continent    La Finlande ferme le bureau des séparatistes du Polisario et interdit leurs activités sans autorisation préalable    Taza : recours judiciaire envisagé pour l'expropriation liée au barrage Sidi Abbou    Double homicide à Mohammedia : un septuagénaire abat sa fille et son gendre avec une arme à feu    Le Royal Automobile Club Marocain inaugure son premier centre de prévention routière    Le Parlement panafricain ouvre une session en présence de députés marocains    Le Maroc accueille dans quelques heures ses premiers hélicoptères Apache AH-64E, joyaux de l'aérocombat moderne    Le Fonds vert pour le climat soutient le fonds foncier de Mirova et dix autres projets avec un accent sur le Maroc    La RAM renouvelle son partenariat avec le festival du cinéma de Ouagadougou    La chaîne Tamazight dévoile sa grille spéciale ramadan : une programmation variée entre fiction, documentaires et émissions culturelles    L'Algérie utilise une image du Ksar Aït Ben Haddou dans une vidéo officielle    MAGAZINE : Booder, l'autodérision comme point nodal    CasaTourat, la nouvelle application destinée à faire découvrir le patrimoine de la ville    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Narjis Rerhaye : « je ne convoque jamais le joker de la nostalgie…. du «C'était mieux avant…»
Publié dans Albayane le 27 - 03 - 2012

Jeune journaliste, déjà Narjis Rerhaye, lauréate de l'Institut de journalisme de Rabat se distinguait par son style, sa verve et son désir de dire les choses comme elle les sent. C'est-à-dire avec ce regard décapant sur la réalité.
Entamant sa carrière dans des quotidiens de la place ayant pignon sur rue, elle a fait ses premières armes dans la rubrique société et culture. Un passage qui lui a permis de prendre réellement le pouls de la société. Ensuite, ce fut le travail en tant que journaliste et essayiste (elle a déjà publié quatre ouvrages) versée dans le domaine de la vie politique nationale. Elle découvre avec bonheur le grand chantier des droits de l'homme que le Maroc a conduit durant les dix dernières années. Une occasion qu'elle a mise à profit pour accompagner plusieurs batailles menées au niveau institutionnel et surtout dans le cadre du mouvement associatif. Cet activisme lui a valu d'être la première femme journaliste défenseur des droits de l'Homme à recevoir le Prix Amnesty International des femmes défenseurs des droits de l'homme. Narjis s'est prêtée avec beaucoup de spontanéité au jeu des questions réponses de notre Divan. Ses propos, nous vous les livrons comme ils nous sont parvenus, c'est-à-dire : vifs, alertes et incisifs, par moments, mais c'est surtout l'expression d'un regard authentiquement marocain sur les changements pluriels qui affectent notre société.
Al Bayane : Que représente pour vous l'ambiance spirituelle et sociologique que procure le mois sacré du Ramadan ?
Narjis Rerhaye : J'ai choisi, depuis bien longtemps, de faire de Ramadan un mois normal. Le regain de religiosité pendant un seul mois de l'année me fait sourire et penser à ces artistes du dimanche.
Pour moi, la religion et son exercice relève d'une sphère très privée et individuelle. Les signes extérieurs du «parfait musulman pendant le mois de jeûne» me font toujours fuir.
Que représente pour moi l'ambiance spirituelle que procure le mois sacré ? C'est pour moi une occasion, exactement comme les autres jours de l'année, de communier avec Dieu. Je ne vous en dirais pas plus, car mon Islam est pour moi une affaire très privée et j'estime que je ne dois pas en faire étalage.
Quant à la sociologie «ramadanesque», une seule image la résume bien à mes yeux : la «souika» de Rabat, en début d'après-midi, ces centaines et centaines d'hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes, se bousculant devant les étals pour des agapes vespérales, dès le coucher du soleil !
Comment vous organisez vos journées durant ce mois ? Les soirées Ramadanesques sont propices aux rencontres de tous genres. Avez-vous le souvenir de quelque chose qui vous a marquée durant l'une d'entre elles ?
Je vous l'ai dit. J'essaie d'avoir des journées tout à fait normales. Je l'avoue, il est parfois difficile de s'organiser face à des fuseaux horaires complètement à l'envers ! Je travaille, j'écris, je prépare mes réunions, bref, le mois de Ramadan n'a pas inversé ma chaîne de travail à «manger-dormir-travailler (un peu)»
Au risque de vous décevoir, je ne suis pas très sortable. Mes soirées ramadanesques, je les passe en famille. Comme le reste de l'année, nous avons de grandes conversations. Nous sommes une famille qui débat beaucoup. Je le reconnais, parfois c'est usant. J'essaie également de lire. Enfin quand IIly, ma fille, me laisse ! Les enfants ont horreur de voir leurs parents derrière un livre…
Etes-vous de ceux qui laissent apparaître des sautes d'humeur durant la période du jeûne ? Pourquoi ?
Je suis convaincue que ces sautes d'humeur font partie de ces fameux signes extérieurs du Ramadan. Je jeûne donc je dois afficher mes colères et mes sautes d'humeur ! Très peu pour moi. Très jeunes, ma mère nous a appris à mes frère et sœurs, de faire preuve de pudeur, de ne pas infliger nos états d'âme à notre entourage. Merci Maman !
Quelle appréciation portez-vous sur la programmation Tv sur les chaînes nationales ? Etes-vous d'accord avec ceux qui estiment que le niveau esthétique et professionnel des sitcoms pêche par son indigence pour ne pas dire sa médiocrité? A qui incombe la responsabilité de cette situation ?
Ecoutez, je ne m'adonne pas à ce sport national, spécialité du Ramadan, qui consiste à tirer à boulets rouges sur la programmation TV. Il existe un précieux appareil qui s'appelle la télécommande et les vertus du zapping sont très apaisantes en ces temps de spiritualité. Toujours est-il que mes enfants, y compris celle qui n'a pas encore 4 ans, adorent «Dar Al Ouarata». Au nom de la paix sociale à la maison, je romps donc le jeûne avec «Ba Kabbour» et tous les autres de « Dar Al Ouarata».
Vous parlez de médiocrité et d'indigence des sit-com. Je pense que le problème est un peu plus profond que cela. C'est toute la question de la crise de créativité, laquelle se cristallise pendant le mois de jeûne parce qu'il y a embouteillage des productions locales- qui se pose. Le développement humain n'a pas de sens sans développement culturel. Il est peut-être temps d'y réfléchir tous ensemble
Quelles sont vos lectures préférées durant ce mois sacré ?
Je suis en train de lire «Le rocher de Tanios» d'Amin Maalouf. Ce roman qui a remporté le prix Goncourt, raconte l'ancien Liban, au 16ème siècle. Une épopée presque sous forme de conte, et mille histoires à travers l'histoire d'un seul personnage, Tanios. Il y a là de la cruauté, de la joie, des destins brisés, des vies sauvées, de la géopolitique, de la grandeur et de la décadence. J'adore !!
Quel regard portez-vous sur le paysage médiatique marocain : presse écrite et audiovisuelle ?
On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés. J'avoue que je ne lis pas les journaux. C'est la seule méthode «pacifiste» que j'ai trouvée pour marquer mon désarroi face à ce que peut devenir, parfois, la presse.
Si ma grande passion est l'écriture, la radio aussi me procure de grandes joies professionnelles. Le mouvement des radios libres est un véritable Printemps et la radio – j'officie sur la chaîne inter, une fois par semaine - est un vrai espace de liberté. Peut-être que je n'aurai des rapports normaux avec les journaux et la télévision qu'une fois que journalistes et pouvoir auront inventés des rapports d'intelligence et de confiance.
Qu'est-ce qui a changé dans la société marocaine ? Les mécanismes de sociabilité qui ont permis de perpétuer les fondamentaux de la personnalité marocaine fonctionnent-ils toujours ?
Au risque de vous décevoir, je ne convoque jamais le joker de la nostalgie. «C'était mieux avant…» ou encore «de mon temps, c'était plus…», ne font pas partie de mon lexique. Que la société marocaine change, c'est tant mieux. Il n'y a pas de personnalité marocaine à façonner.
Au contraire, nous devons cultiver nos différences. Comme tous les «ismes», les archaïsmes me font fuir. Autant que les amateurs d'authenticité et de modernité. Deux mariages improbables auxquels je n'ai jamais rien compris !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.