150Al Bayane s'invite l'espace d'un instant en ce mois sacré de ramadan dans le vécu quotidien de personnalités connues pour leurs actions, leur militantisme, leur savoir et ce afin de rapprocher un peu plus du lecteur ces femmes et ces hommes. Rencontre avec le docteur Ahmed Bourra, dermatologue, président fondateur de DERMASTIC, membre de plusieurs sociétés savantes nationales et internationales, auteur de plusieurs ouvrages qui traitent des maladies dermatologiques, d'articles. Homme de lettres et d'art, le docteur Ahmed Bourra, nous parle à cœur ouvert. AL bayane- Que représente pour vous l'ambiance spirituelle et sociologique que procure le mois sacré du Ramadan ? Docteur Ahmed Bourra : Pour moi, comme pour tous les musulmans, le mois sacré de Ramadan est synonyme de prières, de charité, de solidarité, de bonnes actions, d'invocations, de piété et d'abstinence. Mais pas seulement. Pour mois le mois de Ramadan, c'est beaucoup plus que tout cela, ce mois sacré appelle les croyants musulmans à se rapprocher de Dieu. Cela, en vivant des valeurs recommandées par notre religion à savoir l'amour de l'autre, le partage, l'unité, la justice et l'égalité. Mes journées sont rythmées par mes prières quotidiennes, par la lecture du coran, les invocations. Je voudrais insister sur un aspect fondamental en référence à votre question concernant l'ambiance spirituelle pour dire que les aspects positifs de la religion tout au long de ce mois sacré sont entre autres, la formidable ambiance qui règne entre les pratiquants, le resserrement des liens amicaux, fraternels et familiaux en plus de la formidable relation qu'ils entretiennent avec leur Créateur Il faut aussi dire et insister sur la notion de solidarité durant le mois de ramadan, solidarité avec les pauvres, les personnes démunies, les personnes âgées, handicapées. Quand nous voyons ce qui se passe ici et là au niveau des pays où les populations meurent de faim, nous ne pouvons rester insensibles. Le mois de Ramadan nous fait méditer sur le sujet de la faim, en toute humilité et cela doit attirer notre attention. Tous les musulmans doivent se poser de sérieuses questions sur le gaspillage et prendre conscience de la gravité de la pauvreté et les conséquences qui s'en suivent, mais aussi tous les moyens à mettre en œuvre pour alléger les souffrances des pauvres. Comment vous organisez vos journées durant ce mois ? Les soirées ramadanesques sont propices aux rencontres de tous genres. Avez-vous le souvenir de quelque chose qui vous a marquée durant l'une d'entre elles ? Durant le mois de ramadan, mon programme habituel change quelque peu, si on excepte le temps que je consacre à mes prières. Mes journées sont organisées de la manière suivante : le matin je suis debout à 7 H 30 minutes, je prend une douche, je fais quelques exercices physique, un peu de marche, mais pas toujours. Je suis dans mon cabinet à 10 H. Je vois mes patients, j'accomplis mes devoirs jusqu'à 16 H et parfois plus. Pour ce qui est des soirées ramadanesques, il faut vous dire que je passe pas mal de temps au niveau de la mosquée où j'ai pour habitude de me trouver pour la prière de Trawih. Généralement à partir de 22H 30, je reçois un ou plusieurs amis avec lesquels je parle un peu de tout autour d'un bon verre de thé. Hormis la mosquée où je me rends, je sors très peu de chez moi. Je préfère consacrer mon temps à ma famille, je suis aussi ce que l'on peut qualifier de dévoreur d'informations. Je lis énormément, j'écris. Ce qui m'a marqué durant les premiers jours de ramadan, c'est la ferveur des musulmans américains, ça impressionne beaucoup, ça donne une nouvelle dimension à la religion quand elle est pratiquée avec tant d'amour, de dévotion et de charité. J'ai jeûné les premiers jours de ramadan à New York, j'en garde un très bon souvenir, ça m'a marqué car la mosquée où je faisais mes prières était merveilleuse. Etes-vous de ceux qui laissent apparaître des sautes d'humeur durant la période du jeûne ? Pourquoi ? Pas du tout, mais alors vraiment pas du tout. Je suis par nature très calme, paisible, serein. J'évite tout ce qui est de nature à provoquer ou à susciter les sautes d'humeur comme vous dites. Par ailleurs, il faut éviter ce genre d'attitude en ce mois béni de Dieu. Cette année, le mois du Ramadan intervient durant le mois d'août. Cela a-t-il perturbé votre programme de vacances ? Non absolument pas. Vous savez un musulman croyant doit d'abord se consacrer à sa religion. Faire ses prières, pratiquer le jeûne, aider ceux qui sont dans le besoin, c'est quelque chose qui ne se discute pas, que ce soit au mois de Janvier, d'Août ou de Mai. Rien ne doit et ne peut perturber nos devoirs envers Dieu, qu'il fasse chaud ou froid. Quelle appréciation portez-vous sur la programmation Tv sur les chaînes nationales ? Etes-vous d'accord avec ceux qui estiment que le niveau esthétique et professionnel des sitcoms pêche par son indigence pour ne pas dire sa médiocrité ? A qui incombe la responsabilité de cette situation ? Vous touchez là à un problème qui me tient vraiment à cœur. Personnellement, je n'arrive pas à comprendre que nos chaînes de TV soient aussi fades, tant il est vrai que les sitcoms font preuve d'une absence manifeste de créativité. J'ai l'impression que nous reculons par rapport à ce qui se passe sous d'autres cieux. Les responsables de cette situation se complaisent à ne pas en douter dans la médiocrité. En outre, il est inadmissible que l'argent des contribuables soit ainsi dépensé. Personnellement à part les informations, je ne regarde pas ces sitcoms. Quelles sont vos lectures préférées durant ce mois sacré ? Actuellement, je ne vous cacherais pas que ma lecture préférée est le Saint livre «le Coran». Mais il n'empêche que je lis les journaux, les magazines. Je lis en ce moment les œuvres de quelques auteurs qui ont amené les valeurs humaines et universelle et qui ont été les précurseurs des droits de l'homme tel que Victor Hugo, Diderot et Voltaire. Qu'est-ce qui a changé dans la société marocaine ? Les mécanismes de sociabilité qui ont permis de perpétuer les fondamentaux de la personnalité marocaine fonctionnent-ils toujours ? Je pense que la société marocaine a beaucoup changé. Les changements touchent pratiquement à tous les aspects de la vie. Changement dans la façon de s'habiller aussi bien des hommes, des femmes et surtout des jeunes, changement dans les comportements, dans les relations. Changements dans les habitudes alimentaires. Nos us et coutumes résistent à ces vents de changements grâce à un profond enracinement des traditions. Je pense que les Marocains allient à merveille modernité et tradition, que chaque aspect, chaque élément à sa place, c'est cette capacité extraordinaire qui consiste à s'adapter à tout ce qui est commun à d'autres cultures sans pour autant renier ou céder en rien aux fondements de la personnalité marocaine. C'est cette réalité, cette identité sans cesse renouvelée au fil des ans et des siècles qui fait notre spécificité, qui nous démarque par rapport à d'autres et qui certainement fait le charme de notre beau pays.