Tout démocrate qui se respecte est sensé se contenir dans l'espace que la démocratie lui a octroyé : une majorité ou une minorité. La démocratie est un moyen de se positionner dans un échiquier politique. Dans une jungle, on dit souvent : «Soit un lion et dévore moi». Dans une société moderne et démocrate, le fait de dévorer n'est plus de mise, le respect est mutuel et chaque individu ou groupe a le devoir de respecter de l'autre. Parler au nom d'un peuple est l'une des prérogatives d'un Chef d'Etat pour tout système politique confondu. Un parti politique, une centrale syndicale, une association civile ou tout autre groupe ou individu n'est apte à usurper le nom du peuple sans son consentement franchement prononcé à travers un suffrage universel. Une majorité se contente de 50% plus une voix et avoir 100% relève de l'intervention malsaine et d'une vision dictatoriale. Dans une compagne référendaire, toutes les idées ont la liberté de s'exprimer à travers des meetings. Dans la conjoncture actuelle que le royaume est en train de vivre, trois positions sont à expliquer et à défendre pour inciter les citoyens à y adhérer: le OUI, le NON et le Boycott de la Nouvelle Constitution. Le boycott constitue une position ambigüe et pourrait refléter une quantification légitime si le royaume avait adopté une amende pour la non participation ou instauré une troisième case dans le bulletin de vote à cet effet. Dans le système actuel, tous les citoyens qui, pour une raison ou une autre mais contraire aux raisons invoquées par les partisans «convaincus» du boycott, ne peuvent pas se déplacer pour voter, seront comptabilisés comme des «boycotteurs». Déjà certains manœuvriers obscurantistes et nihilistes ont comptabilisé à leur compte les non-inscrits qui seraient de l'ordre de sept millions !!! . Un premier devoir de la citoyenneté est de pouvoir voter, à moins qu'on veuille rester sujet d'une quelconque secte religieuse ou d'une vision étriquée et anachronique. Les partisans de chaque position sont clairement identifiés et leurs meetings respectifs sont préalablement programmés et donc connus du commun des mortels. Si le fait d'assister à ces meetings est libre, il n'implique pas de semer la zizanie jusqu'à empêcher les organisateurs de s'acquitter de la tâche citoyenne et partisane qui leur incombe. Malheureusement, on assiste ici et là à des pratiques qui n'ont rien à voir avec cet espace démocratique que les démocrates veulent construire. Si ces actes sont déplorables, ils ne font que prouver le principe même de la démocratie, même si Hitler était élu démocratiquement. C'est aux démocrates de faire avec et c'est un aspect du prix à payer. Voltaire n'a-t-il pas dit depuis le XVIII siècle que comme le despotisme est l'abus de la royauté, l'anarchie est l'abus de la démocratie. On a beau élaborer des textes aussi parfaits soient-ils, mais la démocratie ne devient effective qu'avec une éducation citoyenne nécessitant une longue haleine. Le texte du projet de constitution est là, un OUI massif est nécessaire pour que les citoyens aient le moyen de consolider les institutions d'un Etat de droit, moderne, démocratique et d'aller vers l'avant. *Universitaire et membre du bureau de la section provinciale d'Oujda