Le Portugal a rendu, dimanche, un dernier hommage à l'écrivain portugais, José Saramago, prix Nobel de littérature 1998, qui s'est éteint vendredi à Lanzarote, dans l'archipel espagnol des Canaries, à l'âge de 87 ans. Une émouvante cérémonie d'hommage à la mémoire de l'auteur de “L'Evangile selon Jésus-Christ” a été organisée au salon d'honneur de la mairie de Lisbonne, en présence de plusieurs membres du gouvernement portugais, notamment le Premier ministre, José Socrates, de la première vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa de la Vega et de plusieurs intellectuels et proches et amis du défunt. A cette occasion, la ministre portugaise de la Culture Gabriela Canavilhas a salué la mémoire d'un écrivain qui a consacré sa vie “à réfléchir sur les grandes causes de l'humanité”, à la lutte contre “les injustices” et à la défense des droits de l'homme. Saramago a dédié ses écrits à la défense des gens humbles, à la cause des paysans sans-terre, et au mouvement anti-mondialisation, tout en dénonçant la guerre contre l'Irak et l'occupation de la Palestine, a notamment souligné Mme Canavilhas. La ministre a ajouté que Saramago “est resté fidèle à ses engagements (...) et a laissé derrière lui une oeuvre littéraire cohérente, solide, régie par l'éthique au service de la dignité de l'Homme”. Saramago “questionnait le Portugal et le monde, l'individu et la société”, a dit la ministre, ajoutant que ses oeuvres qui lui ont valu le Prix Nobel de littérature en 1998, ont contribué largement à l'affirmation et à la diffusion de la littérature portugaise et à l'unité du monde lusophone. Pour sa part, la première vice-présidente du gouvernement espagnol a salué le talent immense de l'auteur de “Dieu Manchot”, ajoutant que la culture universelle a perdu avec la disparition de Saramago une des voix les plus humanistes et les plus dignes. “Il a rêvé d'une terre libre, libre de l'oppression, de la misère et des persécutions. Il a rêvé d'un monde où les forts seraient plus justes et les justes plus forts”, a ajouté Mme de La Vega, affirmant que ses oeuvres, pleines d'idées et de vie, font partie de nos trésors les plus chers. A l'issue de la cérémonie, le cortège funèbre s'est dirigé vers le cimetière de Lisbonne où la dépouille de l'écrivain a été incinérée. Selon la presse locale, plus de 20.000 personnes se sont rendues le week-end à la mairie de Lisbonne pour se recueillir devant la dépouille de Saramago, rapatriée samedi de Lanzarote à bord d'un avion de l'armée de l'air portugaise. Suite au décès de Saramago, le gouvernement portugais a décrété un deuil national de deux jours. Né en novembre 1922 à Azinhaga, au centre du Portugal, dans une famille de paysans, José Saramago avait reçu le prix Nobel de littérature en 1998. Considéré comme l'un des géants de la littérature dans le monde lusophone, Saramago s'est lancé dans l'écriture en 1947 avec la publication de son premier roman “Terra do Pecado” (Terre de pêché ). Dix-neuf ans après, il publiera son deuxième livre, un recueil de “Poèmes possibles”. Connu pour son engagement en faveur des causes de la liberté des peuples, notamment la question palestinienne, il connaîtra la célébrité en 1982 avec la publication de son roman “Le Dieu manchot”. Il est l'auteur notamment de “L'évangile selon Jésus-Christ”, “Le Radeau de Pierre”, “Petites mémoires”, “Manuel de peinture et de calligraphie”, “Voyage d'un éléphant” et de “Caïn”. En 1993, il quitte le Portugal pour s'installer à Lanzarote suite à la polémique qu'a suscitée son roman “L'évangile selon Jésus-Christ”. Ses oeuvres sont traduites dans une trentaine de langues. Considéré comme l'un des intellectuels inconformistes, Samarago a adhéré au Parti communiste portugais en 1969, et participé à la Révolution des oeillets du 25 avril 1974, qui a renversé la dictature de Salazar. Outre le Prix Nobel de littérature, Saramago a obtenu plusieurs distinctions notamment le Prix de l'Association des critiques portugais, le Prix de Lisbonne, le Prix littéraire de la ville de Lisbonne et le Prix de la marie de la capitale portugaise.