Si le phénomène de la mendicité prend dans notre société en temps normal des proportions inquiétantes au vu et au su des autorités concernées, celui du ramadan fleurit d'une manière fulgurante durant ce mois spécial. Profitant de l'ambiance spirituelle de ce mois sacré et du sentiment de solidarité chez les citoyens, handicapés, charlatans, vieux et jeunes, femmes, hommes et enfants fusent de tout part pour occuper les espaces publics : mosquées, souks, boulangeries et cimetières. Ils squattent les lieux, encouragés dans cette attitude par le silence complice des autorités. Cela dépasse, dans beaucoup de cas l'entendement qu'il devient difficile d'approcher ces lieux. Il suffit d'y mettre les pieds et vous êtes surpris par une marée de mendiants qui vous encerclent de tous les côtés pour vous soustraire l'argent, allant jusqu'à l'agression ou le vol si vous manifestez la moindre résistance. D'ailleurs, soucieux de la sécurité du lieu et de leurs clients, certaines boulangeries à Casablanca ont même fait appel à des agents de sécurité pour y interdire l'accès aux mendiants. Une initiative qui mérite d'être saluée au moment où les autorités ferment les yeux. Même le cimetière devient, par la même occasion un fief privilégié des délinquants, marginalisés et laissés pour compte. Ces derniers s'installent tout au long de ce mois dans l'ossuaire et guettent les visiteurs nombreux à s'y rendre pour se recueillir auprès de leurs proches défunts. Exploitant l'émoi que suscite ce lieu saint chez les jeûneurs, les mendiants tous âges confondus, se livrent à une concurrence féroce entre eux pour soustraire leur obole de leur victime. Parfois, les visiteurs se trouvent coincés malgré eux dans des altercations et querelles entre mendiants. Et si par malheur, des cortèges funèbres s'approchent, ces gueux, mal accoutrés pour les circonstances, se faufilent parmi les visiteurs déjà affectés par la mort pour quémander quelques pièces d'ici et là. Ce qui leur fait une importante somme à la fin de la journée. Sans parler des fruits secs et du pain qui leur sont distribués. Les charlatans ne sont pas en reste. Ils se frottent les mains à l'occasion du ramadan qui représente pour eux une aubaine propice pour améliorer leurs revenus. Dès que vous franchissez la grande porte et que vous vous estimez à l'abri, devant la tombe, ils surgissent de nulle part comme par miracle et commencent sans prévenir à psalmodier du coran. Le trajet de retour est encore le même. Les mêmes mendiants utilisant les mêmes subterfuges vous assaillent de partout jusqu'au parking. Ce phénomène doit être prix à bras le corps par tous les intervenants de la société. La solidarité ne doit en aucun cas encourager la fainéantise. Aider la population démunie est certes une nécessité mais sa solution requiert une vision plus rationnelle.