Ça commence à craindre sérieusement de l'autre côté de la Méditerranée. Imaginez un peu ce que nous, Marocains, pourraient ressentir face aux multiples manifestations de crise qui secouent la zone Euro. Des dizaines de milliers de manifestants qui occupent les rues d'Athènes, d'autres qui assiègent les édifices publics à Madrid, et aucune des capitales européennes n'est épargnée… Si l'on excepte Berlin. Mais pour combien de temps, est-on tenté de dire. En tout cas, ce qui glace le sang dans les veines des Marocains, c'est bien la crainte de voir le Vieux Continent, avec lequel on vient de sceller la volonté d'aller de l'avant sur la voie du « Statut avancé » vivre les soubresauts d'une faillite annoncée. Celle dont l'avant-goût nous a été livré, pas plus tard que vendredi soir, à la clôture des cotations dans les diverses places financières européennes. Tous les indices ont clôturé à la baisse. Forçant des observateurs américains, qui se frottent les mains à l'idée de voir le billet vert surclasser l'euro, à aller vite en besogne. En annonçant ni plus ni moins que la descente aux enfers de la monnaie européenne, prélude à une déconfiture généralisée de l'économie de tout le Continent. De ce côté-ci de la Méditerranée, on imagine mal comment tout cela va se terminer. Car même en volant au secours de la Grèce, en mobilisant pas moins de 100 milliards d'euros, et en montant un fonds anticrise des plus colossaux, chose difficilement négociée entre chefs d'Etat européens, il faut croire que les temps ont tendance à se durcir davantage. Les Marocains doivent se poser de sérieuses questions quant aux répercussions de cette crise sur leur économie. Du moment que le Royaume reste attaché, commercialement parlant, au Vieux continent qui absorbe pas moins de 60% du total des exportations. La balance commerciale risque de subir violemment les contrecoups d'une aussi sévère crise. Car le flux des IDE ne saurait, lui aussi, ne pas être affecté durement par ladite crise. Au même titre d'ailleurs que le poste dit transfert des RME. Et on ne comptabilise pas les pertes que le secteur du tourisme pourrait subir de plein fouet. L'affaire se corse drôlement et pour l'Europe des Vingt Sept et pour nous. L'interdépendance a des effets pervers que nul observateur ne saurait occulter. Bien malin celui qui prédira comment on arrivera, tous autant que nous sommes, à solder l'année en cours. Une Europe affaiblie n'arrange pas que nos petites affaires. Elle promet de chambouler davantage le désordre mondial duquel on croyait nous en être sortis. Souvenez-vous de la crise de 2008 et de ses retombées. Une Europe à genoux, c'est l'économie US qui morfle aussi. Et c'est aussi le système chinois qui pourrait vaciller. Suivi en cela par les multiples ensembles de puissances économiques en herbe. La globalisation est ainsi faite. C'est un château de cartes. Au moindre souffle, tout risque de partir. La cellule de suivi de la crise montée en catastrophe par le cabinet El Fassi pour mieux réagir aux retournements de situation doit avoir les yeux rivés sur les multiples voyants qui scintillent en…Rouge. De quoi craindre pour la déclaration du Premier ministre qui intervient pour dresser un bilan d'étape. Tout sent le roussi. Mais est-ce une raison pour abonder dans le pessimisme ? Large débat… En attendant de voir plus clair dans ce qui se passe autour de nous. Et dire que d'aucuns voudraient nous enfermer dans un nombrilisme qui n'en finit pas d'exclure bien des pays du système de production en vigueur. Ce n'est certainement pas en psalmodiant des prières apprises par cœur que l'on sauvera nos corps et âmes… Osons imaginer autre chose, pardi !