Le système éducatif national est en panne malgré la multiplicité des brainstormings et autres commissions ad hoc. L'école publique est en crise. La formation des élites est critique dans un pays qui a cruellement besoin de compétences pour se relancer. Voilà autant de lapalissades que l'on entend ici et là. Forçant un des stratèges à sortir de ses gonds pour affirmer « assumer l'échec ». En partie seulement. Car le raisonnement qu'il tenait, entre quatre murs, est que l'échec est collectif. Il serait imputable au déficit de crédibilité de l'école publique aux yeux des élites qui, tout en reproduisant un discours défaitiste sur la propension de l'école marocaine à pouvoir faire peau neuve, n'hésitent pas à inscrire leur progéniture dans les écoles étrangères et/ou privées. Et à la démobilisation des concernés, les parents d'élèves eux-mêmes, face aux problèmes qui affectent le système éducatif dans son ensemble. « Rares sont les associations de parents d'élèves qui s'impliquent corps et âme dans la chose éducative », assurait-il non sans dépit. La philosophie minorée ? Qui empêche les parents d'élèves d'en revendiquer l'enseignement. L'obscurantisme est tapi dans les détails des cursus préétablis pour nos enfants ? Qui incite les Marocains à l'accepter ? Tout cela est relaté de mémoire lors d'une rencontre avec feu Meziane Belfkih. Ce conseiller royal qui n'hésitait pas à partager les interrogations des uns et des autres pour définir les règles de base d'un vivre ensemble marqué du sceau de la modernité et du progrès de la société. Celui qui pilota les travaux de la commission chargée de sortir le système éducatif national de l'ornière n'est plus. Mais ses réflexions autour de l'école publique victime d'un processus de dévalorisation qui ne dit pas son nom (alors qu'elle engloutit une bonne part du budget de l'Etat), restent des plus avisées. Hier, on rendait le dernier hommage à ce grand commis de l'Etat qui avait marqué l'histoire du Royaume par une formidable capacité à pouvoir fédérer autour de lui toutes les bonnes consciences. Mais le meilleur des hommages que l'on puisse faire à ce serviteur du Royaume reste lié, vous vous en doutez, au système éducatif national. Il ne faut surtout pas laisser tomber le flambeau au regard de ce que l'école peut faire au service de la nation, de l'émancipation des femmes et des hommes qui la composent et du développement qu'il se doit d'imprimer au pays. L'affaire n'est certainement pas aussi aisée qu'il n'y paraît. Et la leçon que l'on doit tirer de toutes ces années passées à analyser la chose éducative est que personne n'a la baguette magique susceptible de dégager la solution miracle. Comment dès lors faire pour réparer ce grand défaut de la cuirasse marocaine ? Faut-il croire qu'avec le seul programme d'urgence imaginé par le MEN tout devrait rentrer dans l'ordre ? Que l'on permette de douter. L'affaire est plus complexe que cela. Car la grande question qui se pose avec acuité est bien celle-là : que voulons-nous comme école et pour quelle société ? Bien malin est celui qui pourrait se hasarder à proposer la recette miracle. Car elle n'existe pas encore. Ce qui suppose que l'on se doit de l'imaginer pour mieux faire. Les écoles publiques ne doivent plus assumer le rôle dévalorisant qui leur colle à la peau : des garderies pour enfants et adolescents. Et encore !