Pas assez de moyens, des élèves démotivés et des parents démissionnaires, il y a déjà de quoi détruire un système. Dans le cas d'espèce, il y a pire : le corps enseignant et ses pathologies multiples. Notre système éducatif n'assure aucune de ses missions, il est d'une inefficience affligeante. C'est ce qui ressort d'un rapport de la Banque mondiale. Ce constat a été fait, pratiquement dans les mêmes termes, par feu Hassan II avant la grand-messe de la réforme. Après des débats fleuves, cela nous a donné la COSEF. Dix ans après, la situation a empiré. Meziane Belfkih, toujours en charge du dossier, a soulevé la question des moyens. La Tunisie mettrait deux fois plus d'argent par élève que le Maroc. Je ne suis pas sûr que l'on tienne là la clé du problème. Les moyens mis restent dans la norme de tous ces pays en part du PIB et les résultats sont totalement négatifs. Sur ce dossier, la gauche s'est plantée. Elle a eu la charge de l'enseignement pendant 10 ans et n'a pas réussi à secouer le cocotier. Par lâcheté politique extrême. L'école marocaine est totalement à repenser. Si bien évidemment il faut un consensus autour de l'enseignement, ce consensus ne peut se faire aux dépens de la mission même de l'école. Celle-ci est un lieu de savoir et d'intégration sociale pas un enjeu idéologique. Nos malheurs ont commencé le jour où Azzeddine Laraki a arabisé sans préparation et a interdit la philo par pure démagogie politique. Le délabrement de l'enseignement public est aggravé par le phénomène du chômage. L'école n'étant plus un facteur de mobilité sociale, son intérêt pour les parents a largement diminué d'où leur démission quasi totale. Pas assez de moyens, des élèves démotivés et des parents démissionnaires, il y a déjà de quoi détruire un système. Dans le cas d'espèce, il y a pire : le corps enseignant et ses pathologies multiples. Les enseignants des années 60 constituaient un corps engagé, fier de ce qu'il considérait comme une mission sacrée et par ailleurs très impliqué dans la vie syndicale et politique du pays. La dévalorisation sociale du métier a facilité une dérive mercantile qui a, elle même, enlevé toute aura à ce noble métier. Le processus pédagogique ne peut être mené à bien si la relation maître-élève n'est pas basée sur le respect, l'autorité morale et la valorisation du savoir et de sa transmission. Les meilleurs se battent pour des emplois du temps leur permettant de cumuler avec les écoles privées. Les parents, même ceux des couches moyennes inférieures, s'adressent au privé pour donner de plus grandes chances à leurs enfants. Malheureusement, les résultats le prouvent, effectivement le privé prépare mieux. Malheureusement parce que l'école, creuset de l'égalité de chances, devient par ce biais, un moyen de renforcer les inégalités. Le courage, le simple patriotisme impose la remise à plat de tout le système. Mettre plus de moyens, autant qu'il le faut quitte à rogner sur d'autres secteurs sociaux, mais surtout reviser le contenu, les langues d'apprentissage et mettre dans le bon sens le corps enseignant. Sans la mise à niveau de celui-ci, le retour de la discipline, du respect, d'une synergie enseignant-parent d'élèves, les moyens ne serviront à rien. Une bonne partie des enseignants n'a pas sa place dans l'école publique. Il faut refaire de ce métier une vocation, le revaloriser et donc, l'épurer. Le couple Akhchichine-Meziane Belfkih y arrivera-t-il?