Le constructeur avait créé un prototype de smartphone à écran tactile et capable de se connecter à Internet dès 2004... C'est l'histoire du plus beau raté du secteur des nouvelles technologies. Sans le savoir, Nokia avait créé dès 2004 un iPhone avant Apple. Récit. Il y a des matins, comme ça, où l'on sent qu'on tient une idée. Plus que ça même: un concept révolutionnaire. C'est ce qui est arrivé à une poignée de salariés de Nokia, en 2004. Ils viennent de concevoir un téléphone mobile jamais vu, capable de se connecter à Internet et proposant un grand écran tactile. Il faut dire que la firme finlandaise possède alors une longueur d'avance sur ses concurrents. Elle s'est notamment illustrée en lançant les premiers téléphones mobiles tactiles (le 6108 et le 3108, sortis en 2003) fonctionnant avec un stylet. Doutes Cette fois, le prototype va plus loin et permet de naviguer sur l'écran par le contact de ses doigts. Les concepteurs présentent alors leur bébé à la direction de la firme, dans ses locaux d'Espoo, en Finlande. Si le concept séduit, son coût de réalisation effraie et la direction de Nokia décide de ne pas donner suite, révèle Ari Hakkarainen, un ancien employé de Nokia, dans les colonnes du New York Times. «Personne ne se doutait du potentiel des écrans tactiles et comme c'était un téléphone cher à produire, les risques pris par Nokia étaient élevés. Alors la direction a fait comme d'habitude. Elle a tué le projet dans l'oeuf», explique-t-il. Nokia abandonne du même coup le projet parallèle de développer une boutique en ligne d'applications destinées à ce téléphone. La révolution viendra finalement d'Apple, trois ans plus tard, avec son iPhone et son App Store dédié, avec le succès que l'on connaît: plus de 50 millions d'iPhone vendus en moins de 3 ans. Des analystes estiment même qu'en 2011, on dénombrera 100 millions utilisateurs de l'iPhone. De quoi nourrir des regrets pour Nokia, justement en perte de vitesse en raison de l'arrivée de ce concurrent sur le marché. Depuis, Nokia veut rebondir et entend bien faire de 2010 l'année de la reconquête. Le constructeur a d'abord riposté en sortant récemment de nouveaux mobiles supposés redorer son blason sur le marché des smartphones. Ensuite, la firme finlandaise s'est séparée de son directeur général mi-septembre et l'a remplacé par un ancien cadre de Microsoft. A lui de ne plus brider l'audace de ses concepteurs.