Au moment où Grand-Bassam enterre ses morts, AQMI brandit encore la menace et persiste dans sa détermination à frapper les intérêts de la France partout ils seront, ainsi que «tous les pays africains qui apporteraient leur soutien à la lutte contre le terrorisme», déclare l'organisation dans un communiqué. Le Maroc, révèle un communiqué, a, par la voix de Sa Majesté, proposé son aide à la Côte d'Ivoire dans le cadre de l'enquête consécutive à l'attaque de Grand-Bassam; une aide qui s'est traduite par l'envoi, ce lundi 14 mars, d'une équipe d'experts marocains pour prêter main forte aux autorités ivoiriennes dans leurs investigations. Un geste à multiplier aujourd'hui au sein de la région Maghreb -Afrique sahélo-saharienne, à travers une coopération interétatique, dès lors que le terrorisme est aujourd'hui une menace commune qui n'épargne aucun pays, notamment par la constitution d'un front commun pour lutter efficacement contre le fléau du siècle. La région Maghreb-Afrique subsaharienne est aujourd'hui en proie à l'expansion de groupes terroristes qui, depuis l'éclatement de la Libye, sillonnent la région, du Nord au sud, jusqu'au Mali ; descendant jusqu'en zone équato-sahélienne où Boko-Haram, qui a fait allégeance à l'Etat islamique, sème la terreur par des incursions sanglantes au Cameroun et au Niger, par des attentats suicides répétés. D'où la nécessité d'une coordination concertée entre les différents Etats de la région qui – faut-il le dire – ont plus que jamais besoin de s'unir contre l'hydre du terrorisme qui, depuis l'éclatement politique de la Libye, étend son emprise au Maghreb et en Afrique subsaharienne, avec un recrutement massif dans les populations locales et l'envoi par Daech d'hommes et de cadres pour grossir leurs effectifs dans la région. Al Qaida au Maghreb islamique explique dans un communiqué publié par le centre de surveillance des sites islamistes (SITE) que l'attaque de Grand-Bassam de ce dimanche 13 mars fait partie d'un « plan visant les foyers des Croisés et leurs lieux de rassemblement ». Et après le Mali, avec l'attaque du Radisson Blu, le Burkina, avec l'attentat du restaurant-bar Cappuccino, l'attaque de Grand-Bassam, station balnéaire qui connaît l'affluence d'une clientèle occidentale importante, force est de reconnaître que les groupes djihadistes ont désormais décidé d'installer la peur au cœur des grandes métropoles africaines. D'autant plus que l'attaque de Grand-Bassam a été menée, comme du reste celles de Bamako et de Ouagadougou, par des éléments recrutés localement par les groupes terroristes. Aussi, les Etats de la région que sont le Sénégal – que d'aucuns considéraient comme la prochaine cible après l'attaque de Bamako et de Ouagadougou -, le Mali, la Côte d'Ivoire, le Niger, la Mauritanie, ainsi que tous les pays limitrophes, devraient-ils désormais faire preuve d'une vigilance accrue et s'inscrire dans une logique de lutte concertée, qui se traduirait par une coopération interétatique entre leurs différents services de renseignements ; notamment par le partage et l'échange d'informations et d'expertise en vue de diligenter les enquêtes et contrecarrer, avant leur exécution, les desseins diaboliques des groupes terroristes. Selon le communiqué d'al-Qaida au Maghreb islamique, l'attaque de Grand-Bassam a été motivée par la participation d'Abidjan à la Minusma, force d'intervention de l'Onu au Mali, et par la présence en Côte d'Ivoire de 600 militaires français en stationnement dans quatre bases, à quelques encablures de la capitale économique ivoirienne. Une tentative de dissuasion et de neutralisation par la menace qui, loin de les inquiéter, devrait bien au contraire renforcer la détermination des Etats de la région à s'unir dans la lutte contre le terrorisme. Et la main tendue du Maroc, dont les services de sécurité ont fait preuve d'une expertise efficace en la matière, notamment par l'aide apportée à la France, au Danemark, à l'Espagne dans la mise en échec de plans terroristes, devrait être saisie et faire des émules dans la coopération interétatique en vue de faire face, d'un front commun, à l'hydre qui étend ses tentacules...