Obstruée depuis des années par Casablanca en termes d'investissement, la région de Settat-Berrechid est plus que décidée à prendre sa revanche. En témoigne la conférence organisée jeudi dernier à l'ENCG de Settat par Attijariwafa bank. Plusieurs acteurs, universitaires, opérateurs économiques, des deux villes se sont mobilisés en force pour vanter les atouts économiques de la région. Et surtout, courtiser les investisseurs présents à la rencontre. Settat-Berrechid ne compte pas être le parent pauvre de l'investissement économique de la région Casablanca-Settat. Les 2 provinces comptent mettre à profit leur gisement d'atouts pour accroitre la dynamique économique de toute la région. 41 milliards de dirhams d'investissement de 2010 à 2015, selon les chiffres avancés par Abdellah Chater, directeur du centre régional d'investissement (CRI) Settat, la région recèle d'énormes potentialités dans différents domaines. Les 2 provinces ont drainé depuis quelques années une bonne poignée de projets, entre autres le premier centre dédié aux métiers BTP, le plan de masse Al Omrane Sahel. Avec 16% de l'ensemble de la population de la région, elles contribuent à hauteur de 32% dans le PIB de toute la région contre 23% pour Casablanca. Sur la période 2010-2015, ce sont 84 000 emplois qui ont été créés dans la région, soit 80% à Berrechid et 20% à Settat. La dynamique économique serait également portée dans les 2 provinces par l'artisanat qui générerait un chiffre d'affaires annuel de 250 millions de Dh pour un total de 4600 artisans. En matière d'agriculture, Settat-Berrechid regorge d'énormes potentialités. Les 2 provinces se veulent le grenier du Maroc en matière de production agricole, viande rouge et blanche. A elles seules, elles constituent plus de 50% de la superficie de l'ensemble de la région. Elles produisent annuellement plus de 21 000 tonnes de viandes rouges et 71 millions de litres de lait. Les 2 provinces abritent plus de 380 unités de production de volailles, soit 24% de la production nationale. Le foncier y serait encore disponible, souligne le président du CRI Settat-Berrechid. Au total, ce sont 1500 lots qui seraient encore vierges et n'attendraient qu'à être exploités par les investisseurs. Sur le plan industriel, Berrechid et Settat réalisent 8% de la production industrielle de la région Casablanca-Settat pour 7% du chiffre d'affaires industriel régional. Les 2 provinces ont déjà été le fleuron de plusieurs secteurs chimiques et parachimiques, notamment l'agroalimentaire, l'automobile, le textile, le BTP. Elles possèdent également des parcs industriels, à l'instar de Settapark, un parc érigé par la chambre française du commerce et de l'industrie du Maroc (CFCIM), en partenariat avec le ministère de l'industrie, sur une vingtaine d'hectares et qui accueille 85 entreprises industrielles. Le projet qui a mobilisé un investissement d'environ 104 millions de DH a déjà été commercialisé à 65%, souligne Mounir Benyahia, directeur des parcs industriels de la CFCIM. Le projet pilote Settapark ambitionne d'accueillir 195 entreprises à long terme à Berrechid et Settat. Avec toute cette dynamique économique, pour Mohamed El Kettani, PDG d'Attijariwafa bank, Settat est sur la voie de concrétiser sa vocation de «fleur de l'Afrique du nord», selon les termes de l'explorateur Léon l'Africain. Pour les acteurs de la région, il est plus que temps «d'accorder les cordes de la guitare» pour développer l'ensemble de la région sur le plan économique, social, éducatif. «Tous les acteurs de la région sont amenés à jouer la même partition. La mélodie du développement régional doit être notre ambition», a déclaré Ahmed Nejmeddine, président de l'université Hassan Ier de Settat. Les 2 provinces envisagent avec beaucoup d'optimisme leur avenir. En plus des projets du parc industriel Settapark initié en 2013, le plan de masse Logintek ou encore le plan de masse Ecoparc récompensé à la COP21, d'autres projets sortiront de terre au cours des prochaines années. Entre autres, 12 projets sont prévus dans le cadre de la vision 2020 du tourisme, en matière d'aménagement de lacs artificiels, de mise à niveau de parcs naturels, de création de complexe touristique... Des pourparlers auraient déjà commencé avec le ministère du tourisme pour concrétiser ces projets, souligne le directeur du CRI Settat. Sur le plan éducatif, une académie internationale du commerce international verra prochainement le jour à l'université Hassan Ier. L'institution qui sera hébergée au sein de la cité de l'innovation de Settat vise à contribuer au développement économique de la région. Si la dynamique économique a déjà été enclenchée dans les 2 provinces, il y'a encore du chemin à faire. Plusieurs domaines restent inexploités, entre autres la métallurgie, souligne le CRI. Avec tout le potentiel qu'elles regorgent, les 2 provinces comptent drainer des investissements liés entre autres à l'extension de cités universitaires, la réalisation d'un agropole, la mise en place d'un abattoir moderne, la création de grandes surfaces de distribution, de lieux de divertissement, l'accroissement de la capacité d'hébergement et d'accueil de rencontres d'affaires.