Depuis déjà quelques années, le nom de la jeune chanteuse marocaine Fatine Hilal Bik est devenu synonyme d'élégance et d'authenticité. C'est un nouveau nom qui rayonne sur l'échiquier musical marocain, puisque Fatine Hilal revient d'une nouvelle grande consécration aux Emirats Arabes Unis, avec le titre d'ambassadrice de la chanson marocaine moderne, obtenue lors de cette manifestation grandiose. Ecoutons ses confessions. Al Bayane : Es-tu satisfaite de ton expérience dans le monde de la chanson marocaine? Fatine Hilal Bik : Dieu merci, je suis très satisfaite de tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Mon secret est que je ne me précipite jamais et je ne prends mes décisions qu'après avoir longuement réfléchi aux propositions qui me sont faites. Mon souci est de laisser toujours une bonne trace, un cachet particulier honorable pour moi et pour la chanson marocaine en général. Comment peut-on évaluer ta participation à la dernière Semaine culturelle marocaine aux Emirats ? Je suis vraiment très fière de cette participation à la Semaine culturelle marocaine dans ce pays frère. Cela est d'autant plus vrai, que nous avons eu l'occasion de rencontrer notre Souverain bien aimé, une rencontre où j'étais vraiment émue par cette rencontre directe avec Sa Majesté. Car le fait de représenter la chanson marocaine dans cette manifestation équivaut pour moi à une décoration royale. Cette consécration en tant qu'ambassadrice de la chanson marocaine montre que je suis sur le bon chemin, car la chanson marocaine doit s'appuyer sur de belles paroles et une composition musicale instructive et constructive. Et pourquoi Fatine Hilal refuse-t-elle toujours de s'embarquer dans ce qu'on appelle aujourd'hui la chanson arabe des jeunes «al Oughnia chababia» , plus répandue et plus populaire. Moi je répète toujours une vielle maxime arabe « seul ce qui est réellement authentique et original a une chance de rester et de se perpétuer» ; donc je préfère attendre et patienter des mois et ne sortir que la chanson dans laquelle je me sens tout à fait à l'aise, pour donner une chanson qui aurait une chance de durer, car je suis attachée à mon authenticité et refuse toute œuvre faite à la sauvette et qui risque de me plonger dans la médiocrité, pour de l'argent ou de la propagande gratuite. Tes apparitions artistiques sont de plus en plus rares ces derniers temps... J'ai eu beaucoup de problèmes familiaux ces derniers temps , d'abord la mort de ma mère bien -aimée - que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde. Vous savez, c'est une personne qui m'est si chère. Je ne suis pas habituée à vivre sans elle. Elle était la mère, la confidente, l'amie,... c'est quelque chose d'irremplaçable. D'autre part, je pense que l'apparition d'un artiste sur scène doit avoir un sens, une signification, comme une nouvelle chanson ou une autre action de ce genre. Tu as eu une expérience en tant que speakerine télé, pourquoi tu t'es éloignée de ce métier ? J'étais effectivement très heureuse de faire une telle expérience dans ce domaine, mais jusqu'à présent, je n'ai pas encore reçu une proposition qui vaut la peine d'être tentée. Cela aurait pu constituer un plus dans ma carrière d'artiste. La chanson des jeunes connaît un boom sans précédent au Maroc. Comment la trouves-tu ? Les gens sont libres de choisir le style qui leur convient, la concurrence est toujours une bonne chose dans le monde de la musique et de la chanson. Pour ce qui me concerne, je crois que notre chanson est menacée par la médiocrité et la vulgarité, au point qu'il y a des chansons que je ne peux pas écouter chez moi ni avec des gens de ma famille. Je constate hélas, que nous nous éloignons de plus en plus de la chanson marocaine authentique. La chanson d'aujourd'hui est loin de refléter la société marocaine telle qu'elle est vraiment. En plus de la présentation télévisée, puis de la chanson, tu as eu une expérience en tant qu'actrice. Qui t'a poussée à tenter cette expérience ? Moi je suis pour le principe d'un artiste polyvalent, capable de travailler sur plusieurs créneaux à la fois, à condition de l'exercer avec compétence et brio. j'ai eu des expériences enrichissantes dans la série " karima" puis dans le film "al kamar al ahmar" de Hassan Benjelloun ; c'est aussi un domaine passionnant, surtout si chaque expérience est porteuse d'un message éducatif ou culturel quelconque. Les rumeurs sont aussi une préoccupation majeure chez de nombreux artistes, qu'en penses-tu ? Effectivement, les rumeurs influent beaucoup sur la vie d'un artiste. Mais on doit tout de même tout faire pour s'adapter à cet environnement. A ton avis, qui doit suivre qui ? Autrement dit, est-ce à l'artiste de s'abaisser au niveau du public ou est-ce ce dernier qui devrait se hisser au niveau de l'artiste. Le rôle de l'artiste est de réussir à communiquer avec le public, abstraction faite de son rang social. Il doit être toujours plus proche de ses préoccupations et son œuvre doit être simple, claire et limpide, car la chanson n'admet pas de vision abstraite. Tout le monde doit pouvoir s'identifier dans une chanson quelconque : l'intellectuel, l'ouvrier, l'homme d'affaires... jusqu'à l'homme de la rue. C'est l'objectif que je m'efforce d'atteindre à l'heure actuelle. Donc la chanson en arabe dialectal, par exemple, peut être aussi attrayante que celle interprétée en arabe classique. Je pense tout particulièrement à des chansons comme " Marsoul El Hob " de Abdelwahab Doukkali ou "Yak Ajarhi" de Naima Samih. Des chansons qui ont fait un tabac dans le monde arabe. Un artiste qui réussi à l'étranger est toujours considéré comme un ambassadeur de son pays. A travers les contacts que tu a tissés dans plusieurs pays arabes, quelle est l'image que les artistes et les intellectuels arabes se font de notre pays ? Là-dessus, permettez-moi de vous dire en toute sincérité que le Maroc est un pays très respecté à travers les quatre coins du globe. On apprécie à la fois ses réalisations aux plans économique et social et aussi sa sagesse, sa modération et sa contribution précieuse au service de la paix. Nous devons tout cela à la clairvoyance, la perspicacité et au bon sens de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dont la stature internationale et le respect dont il jouit, ont toujours été une source de fierté pour tous les Marocains. Cela contribue largement à revaloriser davantage l'image de marque du Maroc Après ta dernière chanson "Ana Sahraouia", qui a eu un franc succès, quels sont tes principaux projets futurs ? Il y a eu toute une série d'œuvres que je suis en train de préparer, notamment avec le grand parolier Mohamed El Batouli et aussi avec de grands compositeurs comme Nouâmane Lahlou, Karim Tadlaoui, Hassan Kadmiri Ahmed Alaoui, Fettah Ngadi et Nabil Lkhaldi. Tous ces artistes concentrent leurs efforts sur le contenu convaincant et sur les valeurs éthiques de notre société, loin des sujets d'amour et d'affection souvent usés et consommés. Il y a de nombreux thèmes sur lesquels nous pouvons travailler ensemble. Enfin, je remercie de tout mon cœur le directeur artistique Nabil Lkhalidi de m'avoir proposée pour contribuer à la Semaine culturelle marocaine aux Emirats Arabes Unis.