A quinze mois de la présidentielle de 2017 et au moment où la France connaît un grand débat sur la réforme constitutionnelle annoncé au lendemain des attentats de Paris, le président François Hollande a procédé jeudi à un remaniement ministériel destiné à insuffler une nouvelle dynamique à l'exécutif dirigé par Manuel Valls. Le remaniement, qui était plus large que prévu, a été notamment marqué par le retour des écologistes et de l'ancien Premier ministre Jean Marc Ayrault qui remplace Laurent Fabius aux Affaires étrangères. Ainsi, Ayrault qui avait présenté la démission de son gouvernement suite à la défaite du parti socialiste aux élections municipales en mars 2014 devient le nouveau chef de la diplomatie français succédant à Fabius, nommé président du Conseil constitutionnel. Ce remaniement ministériel est marqué aussi par le départ de Sylvia Pinel, qui occupait le poste de ministre du logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité, Marylise Lebranchu, chargée de la décentralisation et de la fonction publique et Fleur Pellerin en charge de la culture et de la communication, a précisé la présidence française. Les écologistes qui avaient quitté le gouvernement en avril 2014, font leur retour avec trois portefeuilles. Ainsi, la patronne du parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Emmanuelle Cosse a été nommée ministre du Logement. Dans un communiqué, ce parti a désapprouvé cette participation et regretté cette décision personnelle alors que la politique gouvernementale est malheureusement incompatible avec des orientations écologistes, de justice sociale, solidaires, et à même de construire une société apaisée». En conséquence du départ d'Emmanuelle Cosse de son poste de secrétaire nationale, David Cormand est désigné pour la remplacer par intérim «dans le cadre d'une direction collégiale». Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé, deux parlementaires d'EELV, sont nommés respectivement secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat, chargée de la biodiversité et secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la réforme de l'Etat et de la simplification. Par les principales figures qui font leur entrée au gouvernement, il y a lieu de citer la conseillère culturelle du président, Audrey Azoulay, qui devient ministre de la culture et de la communication en remplacement de Fleur Pellerin dont le départ est l'une des principales surprises de ce remaniement qui intervient à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle. Dans cette nouvelle équipe composée de 18 ministres et de 20 secrétaires d'Etat et qui respecte une stricte parité hommes-femmes, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est maintenu en dépit de son élection président de la région Bretagne. Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, numéro trois du gouvernement, voit, quant à elle, son portefeuille élargi aux «Relations internationales sur le climat». Les ministres de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et de l'Economie Emmanuel Macron ont conservé leurs postes dans ce nouveau cabinet Valls. Le patron du Parti radical de gauche (PRG), Jean-Michel Baylet s'est vu confier le poste de ministre de l'Aménagement du territoire et de la Ruralité. Par ailleurs et au moment où l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira a présenté sa démission il y a quelques jours du gouvernement pour exprimer son opposition à la déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour terrorisme prévue par la réforme constitutionnelle, la députée Hélène Geoffroy qui a voté contre ce mesure a accepté le poste secrétaire d'Etat en charge de la Ville, assurant que la possibilité d'entrer au gouvernement ne se refuse pas. Réagissant dans une déclaration à la presse à ce remaniement, Manuel Valls a indiqué qu'«avec le président de la République, nous souhaitions un gouvernement basé sur l'expérience, la solidité», expliquant que c'est le cas avec Jean-Marc Ayrault et Ségolène Royal. Il a aussi indiqué qu'il s'agit d'une équipe «avec une assise élargie avec les écologistes», faisant savoir que «nous avons toujours dit que l'écologie avait sa place au gouvernement». Le chef de l'exécutif français a aussi assuré retrouver «avec plaisir» Jean-Marc Ayrault auquel il avait succédé à Matignon en 2014.