L'artiste plasticienne Bouchera Dardar nous propose une approche picturale personnalisée voire un nouvel traitement stylistique qui met l'accent sur la création spontanée, introspective ou intuitive, et ce jusqu'au 5 février 2016 à la galerie Bertuchide l'Ecole des Arts et Métiers à Tétouan. Le langage plastique de cette artiste référencée dans La Bible de l'Art Abstrait( Tome 1, international 2008, France) est dérivé de la combinaison de l'intensité émotionnelle, et de l'abnégation des expressionnistes avec l'esthétique néo-figurative des écoles abstraites comme l'expressionnisme abstrait, le néoplasticisme et le déconstructivisme. Ses œuvres connotatives ont une image impressionnante, transparente et fluide. Dans la pratique, chaque tableau est un microcosme visuel libre et autonome. On retrouve des styles très différents parfois même ni abstraits, ni expressionnistes spécialement. Il s'agit des styles non-objectifs et énergiques techniquement et esthétiquement parlant. Son acte de peindre fait prévaloir l'impression sur la raison et l'imagination sur l'analyse critique. Véritable réaction à l'esprit codé, il s'exprime d'abord dans les formes, puis dans les couleurs et les figures symboliques. Le parcours de cette artiste oniriste s'articule à travers les thèmes qu'elle privilégie (la nature, le moi, le rêve, l'étrange, l'infini, la mémoire, la modernité...) et les formes qu'elle impose (cercles, courbes, fragments...). L'exaltation et l'expérience des limites, qui sont indissociables de son idéal pictural, se retrouvent dans les œuvres qui vacillent entre expressionnisme et symbolisme. Bouchera Dardar est à la recherche de l'expression la plus touchante aussi bien au niveau de son colorisme qu'au niveau de son formalisme. Sa palette est très frappée de la hardiesse chromatique. Elle est marquée par les lumières et l'illuminisme, la quête de la nature pure et celle de l'irrationnel, la fidélité aux abstraits et les visions introspectives, le désir éperdu d'un retour à la simplicité et une spiritualité souvent subjective et presque toujours sentimentale, ou encore d'un exotisme brut : «J'ai été inspirée par des artistes modernes comme Picasso, Belkahya, Cherkaoui et bien d'autres encore. Dans mon art, j'essaie de montrer ce que je ressens et de le représenter d'une manière abstraite», nous a confié l'artiste. Chez Dardar, on constate la modulation sur des couleurs dominantes, le rouge, le blanc, le noir et bleu : une nostalgie des espaces infinis ! L'intérêt pour les phénomènes semi -physiques se mêle à la recherche de leurs effets sur les états d'âme. Dans lumière et couleur, il n'y a plus d'espace mesurable, mais une transcendance bousculant toutes les conceptions conventionnelles de l'espace. La spontanéité ou l'impression de spontanéité caractérise les œuvres imposantes de cette artiste, lauréate de la Diploma Di Merito Premio ( ALBA 2008, Italie) et de la Médaille Européenne de Bronze (F.N.C.F 2010). Palette claire et dissolution des éléments du paysage dans la lumière. Formes et couleurs donnent l'impression d'une plus grande unité : Elles traduisent le goût d'un sens expressionniste aux limites peu rigoureuses, que l'on qualifie de «style néo-figuratif» : style de l'individualisme qui rend un culte à l'expression personnelle. Membre adhérent à AIAP – UNESCO, Bouchera Dardar structure à sa guise la plupart de ses peintures qui impliquent une planification abondante, d'autant plus que leur taille l'exige. Elle a clairement laissé passer l'expression de ses idées concernant le spirituel, l'inconscient et l'esprit, tout en se servant d'une technique synthétique apte à traduire cette exigence de liberté. Moins sensible au pittoresque, Dardar cherche surtout des leçons esthétiques et alimente son mysticisme à la source naturaliste. Elle a accomplis son aventure plastique, guidée par la passion de la perception optique, par la piété envers les maîtres de l'art moderne, et aussi par le purisme recherché. Elle prépare, certes, la voie au culte de la nature intérieure en honneur à la génération suivante.