La destination d'Agadir ne parvient plus à se ressaisir. De jour en jour, le déclin s'accentue, depuis déjà quelques années d'affilée. Selon les statistiques révélées, les nuitées et les arrivées sont en baisse continue. Seuls les chiffres du tourisme interne, en période de vacances, satisfont certains hôteliers qui se battent rudement pour les joindre les deux bouts. La sortie du tunnel n'est pas aussi près comme s'obstinent de prétendre certains optimistes démesurés Qu'est ce qui entrave réellement la première station balnéaire du royaume ? Certes, on ne peut nullement occulter les raisons objectives, liées globalement à la conjoncture mondiale, marquée par la récession économique et financière, notamment au sein des pays qui constituent, des décennies durant, des marchés traditionnels porteurs pour notre destination. Cependant, il importe également de se focaliser sur les handicaps subjectifs par rapport à cette déroute constante. Tout d'abord, on rappellera, non sans désolation, l'état piteux dans lequel se trouve plus de la moitié des unités hôtelières d'Agadir. Ce délabrement qui perdure longuement, rend caduque toute tentative de rehaussement en termes de qualité prestataire. L'autre moitié qu'on pourrait qualifier de tolérable en matière de commodité hôtelière est, pour une bonne partie, destinée au tourisme qu'on peut taxer de « dévergondage ». Ces derniers atteignent des taux de remplissage pouvant dépasser, parfois, plus de 150% pour un seul hôtel (sic). Allez deviner quelle catégorie de touristes y descendent ! Il n'en reste plus que quelques lits convenables pour le tourisme « propre » ! On cherche à faire venir les touristes, mais où peut-on les mettre ? Les structures d'accueil de la capitale du Souss, déjà fort amoindries, sont ou bien endommagée et nécessitent une sérieuse rénovation, ou consacrées à la débauche. D'autre part, on ne comprendra jamais que, dans une ville à vocation touristique de choix, on continue à fermer l'œil sur plus de 9000 lits éparpillés dans des hôtels soit fermés pour une longue date, cas de Salam, Transatlantique, La kasbah, Valtur...soit éternellement inachevés comme Targa, Hospitality...On n'a jamais pris la peine de se réunir autour d'une table pour examiner cette problématique chronique et décréter avec rigueur, les mesures qui s'imposent, alors qu'on n'arrête pas de se plaindre de l'exigüité de la capacité litière ! Par ailleurs, on se souvient de la sottise inouïe qui avait consisté à créer une filiale de la compagnie aérienne marocaine, baptisée, dans le temps, Atlas Blue pour laquelle on avait « confisqué » six avions des lignes à destination d'Agadir afin d'étoffer le parc de cette nouvelle société. Une décision qui était imposée, sous le nez des responsables du secteur régional, sans qu'ils ne pipent mot, hormis quelques opposants qui rouspétaient, mais personne ne les écoutait. Où est maintenant Atlas Blue et où sont les appareils d'Agadir ? Une imposture déconcertante qui ne dit pas son nom ! Il y a lieu aussi de rappeler les retombées fâcheuses de cette déchéance hôtelière sur les diverses activités touristiques parallèles, en particulier les agences de voyages terrestres qui s'amenuisent en quantité, depuis que les excursions dans l'arrière pays se font rares, à cause de la formule All Inclusive, adoptée par nombre d'opérateurs. Dans le même ordre d'idées, le commerce d'artisanat en liaison avec l'animation touristique est terriblement affecté par cette grisaille hôtelière. De même, les taximen trouvent du mal à prendre des touristes puisque tout le monde, compte tenu du tout compris, est « enfermé » à l'intérieur, sauf ceux qui ne se renfrognent pas de se ranger devant les cabarets des hôtels pour « ramasser » les filles de joie au petit matin. Ceci étant, il convient d'évoquer le grand malheur qui assène des coups durs à la destination Agadir. On ne peut énoncer ces différents déficits qui tirent la station vers le bas sans en révéler les véritables précurseurs. A notre sens, cette situation désastreuse dans laquelle se débat actuellement le produit touristique Agadir est due essentiellement au type de gestion y afférent. En fait, on ne peut attendre grand ‘chose d'une flopée de salariés qui occupent les centres de décision du secteur, sans aptitude inventive, ni courage novateur encore moins civisme ardent. Pour la plupart, c'est un parterre d'anciens réceptionnistes, de chefs hébergement, restauration...qui, du jour au lendemain, se sont hissés, grâce à leur parrain influent dans les hautes sphères, au summum de la gouvernance. Face à la profusion de l'incompétence tous azimuts, les réels professionnels du domaine, constamment contrariés, finissent par se retirer de l'arène touristique. A cet égard, on ne peut ne pas avoir une pensée pour un grand chevronné du tourisme régional, feu Lahcen Wakrim qui a rendu l'âme, fort révulsé par les machinations dont fut objet le projet aérien avorté dans l'embryon. Pis encore, pourquoi les marchés scandinave, allemand ou encore italien qui florissaient à l'époque, ont-ils boudé la destination Agadir ? Qui est responsable de la débâcle ? Autant de questions dont la réponse se trouve, en grande partie, dans cette nouvelle hégémonie commanditée à distance dont les motifs sont synonymes d'enrichissement béat et dénués de compétence et de patriotisme.