Ira-t-on vers un nouveau découpage électoral ? La question se pose aujourd'hui avec acuité, surtout après l'appel lancé à Rabat à l'occasion d'un séminaire international sur la réforme de la législation électorale, organisé conjointement, les 19 et 20 janvier, par le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) et la fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES, Washington). Il faut dire que les intervenants et experts qui ont pris part aux travaux de cette rencontre ont été unanimes sur la nécessité d'une refonte de cadre législatif actuel. Ce dernier manque, selon eux, de plusieurs paramètres indispensables pour la consécration d'une véritable démocratie représentative. Pour certains analystes et observateurs et aussi quelques partis politiques, la loi actuelle donne au ministère de l'Intérieur une certaine hégémonie sur l'échiquier électoral. Au-delà des spéculations intellectuelles, Maître Abdellatif Ouammou, coordonnateur du groupe action progressiste à la Chambre des Conseillers, estime que la réflexion autour de cette problématique devrait être inversée. D'une manière plus claire, l'ex-bâtonnier d'Agadir estime que la loi, à elle, seule, n'est pas suffisante. « On ne change jamais une société par décret », martèle notre interlocuteur. Ceci étant dit, «un découpage électoral est synonyme d'un processus complexe qui nécessite l'implication de tous les acteurs», souligne-t-il. En fait, outre l'aspect technique, la dimension sociologique et géographique du découpage sont d'une importance cruciale que nos responsables doivent obligatoirement intégrer dans le processus de production des textes juridiques. Pour Me Ouammou, «cela signifie qu'il faut se départir des veilles reflexes, notamment sécuritaires et placer la notion de développement au cœur de tout projet visant à rehausser le niveau de l'action politique et instaurer une réelle décentralisation». A cela s'ajoute également la responsabilité des partis politiques, insiste-t-il. Arguments à l'appui, le membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS) cite à titre exemple les élections communales et régionales du 4 septembre 2015. «Il est vrai que ce scrutin a connu un taux de participation assez élevé, mais on a assisté au final à des alliances hybrides qui ont faussé le verdict des urnes », note non sans amertume, Abdellatif Ouammou. Comme quoi, « nos élites partisanes doivent donner l'exemple en matière d'engagement politique avant même d'envisager une réforme du cadre législatif et organisationnel des opérations électorales», conclu le dirigeant du PPS.