La sécurité dans les villes africaines, particulièrement celles des pays de la bande sahélo-sahélienne où sévissent encore certains groupes terroristes liés à Al Qaïda, pose problème. Hôtels et restaurants sont devenus des cibles dont la vulnérabilité est déconcertante, surtout dans certains pays, comme le Burkina justement, qui pensent que les terroristes n'ont aucune raison de s'en prendre à eux. L'attaque qui vient de coûter la vie à une trentaine de personnes à Ouagadougou, dont la franco-marocaine Leila Alaoui,relève quasiment du même modus operandi que celui qui a marqué l'attaque d'un hôtel à Bamako en novembre dernier. Les deux attaques se sont déroulés un vendredi soir à deux mois d'intervalle. Le 20 novembre en effet, 20 personnes dont quatorze étrangers, ont trouvé la mort dans le carnage qui a eu lieu au Radisson Blu de Bamako.Le vendredi 15 janvier, l'hôtel Spendid de Ouagadougou et un restaurant voisin subiront une attaque du même genre, faisant 30 morts, dont plus de la moitié sont des étrangers. Dans les deux cas, les membres des commandos djihadistes ont continué à tuer jusqu'à leur élimination. Il s'agissait donc d'opérations suicidaires visant à faire le maximum de victimes, de préférence étrangères. «Alors pourquoi le Burkina ?», serait-on tenté de se demander. Tout simplement parce que le terrorisme n'a pas de frontières et que l'attaque de vendredi dernier, première du genre au Burkina Faso, a eu lieu dans un pays frontalier du Mali, marqué par la présence (discrète) des forces spéciales françaises appelées à intervenir dans les foyers de tension proche. L'opération militaire française au Mali lancée en janvier 2013 a permis d'empêcher les nombreux groupes terroristes qui sévissaient à la frontière algéro-malienne de prendre le pouvoir à Bamako. Face à un ennemi visible, bien localisé et plus ou moins identifié, la puissance de feu d'une armée régulière peut faire la différence. Mais quand il s'agit de cellules dormantes, disséminées dans un espace infini, et qui plus est, sont formées d'éléments suicidaires, la sécurité devient tout simplement difficile à assurer. Pour un officier français présent au Mali et membre des forces de l'«opération Barkhane»,"il n'a jamais été question d'aller faire la chasse au moindre terroriste qui va aller faire une prise d'otage ou un carnage. C'est totalement mission impossible. On n'est déjà pas capable de défendre en France tout ce qui mériterait de l'être avec tous les effectifs de police et de gendarmerie, alors imaginez dans cette immense région... ayant la taille de l'UE. Allez-vous défendre l'UE avec 3.500 hommes?». C'est pour cela, comme l'a dit le président béninois qui s'est rendu à Ouagadougou après l'attaque terroriste, que l'Afrique doit «mutualiser ses forces» pour vaincre le terrorisme.