C'est le message affiché par les JCC, tout de suite pour répondre à l'attentat... ce fut une belle journée qui a commencé sous de bons auspices avec une pluie fine et continue celle qui sied à l'ambiance du cinéma. Une foule immense attendait patiemment et sous la pluie devant les guichets pour acquérir son billet ; pour acheter le billet d'entrée... car aux JCC on se bouscule non pas pour bénéficier d'une invitation ou d'un laisser passer, les jeunes (et les moins jeunes) font la queue pour payer un dinar et demi (l'équivalent de dix dirhams) pour accéder aux salles, toutes les salles. D'autant plus que la journée s'annonçait riche notamment avec deux films attendus : un film égyptien et tunisien. Deux affiches qui attirent le grand public. Conscient de cela, j'ai pris mes précautions et je me suis présenté devant le Colisée très tôt pour avoir une place, difficilement face à l'engouement du public. Ce fut un grand moment du cinéma dans sa dimension populaire avec l'arrivée des stars égyptiennes Mahmoud Hmida et surtout Khalid Abou Naga qui joue dans le film, Out of ordinary de Daoud Abd Sayed. Elle La projection a même pris les allures d'une fête puisqu'elle coïncidait avec l'anniversaire du cinéaste, un vétéran du cinéma égyptien. Le film raconte l'enquête du Dr Yahia sur le paranormal et sur les gens qui font preuve de capacités extraordinaires. Mais la lourdeur de la narration béquillée par une voix off omniprésente n'arrange en rien les faiblesses criantes du scénario ; le digne représentant du renouveau du cinéma égyptien il y a quelques décennies semble perdre la main. Mais avant même la fin du film je constate un fait rarissime dans une salle de cinéma des JCC, le public commençait à sortir... je me suis dit qu'ils étaient accablés par le rythme lancinant du film. A la fin de la séance alors que beaucoup de jeunes prenaient des photos avec les stars présentes, j'apprends une fois dans la rue qu'il y a eu un attentat. Aucun mouvement de foule ou de panique dans la grande avenue Bourguiba. Le lieu de l'attentat est à peine cinq cents mètres du siège du festival et l'avenue Mohammed V et l'une des plus grandes de Tunis. Elle croise l'avenue Bourguiba. Je reviens vers la salle pour la séance du film tunisien Les Frontières du ciel de Fares Naanaa. Première surprise, il y a moins de monde que prévu : pour la première fois, la salle n'affiche pas complet. Le public et l'équipe du film scandent des slogans dédiés à la Tunisie, à la vie. Un geste de résistance. Le film fut à la hauteur ; une belle radioscopie intime sur un couple qui tente de se reconstruire après avoir perdu sa fille unique. Sur un registre symbolique le film se laisse lire comme une parabole sur la Tunisie post révolutionnaire qui tente de se recomposer dans la rupture et la réconciliation avec le passé (la figure du père omniprésente) ; comment sortir du traumatisme originel. Deux pistes sont abordés dans le film, le chant comme catharsis (l'héroïne participe à une chorale de musique traditionnelle) et le retour aux sources (le voyage du héros vers le village du père). C'est l'un des plus beaux films présentés jusqu'à présent dans la compétition officielle. En attendant l'entrée en lice des films marocains. En attendant aussi la suite des événements : la direction des JCC a confirmé le maintien du festival. Mais l'instauration de l'état d'urgence et du couvre feu sont une nouvelle donne.