Al Bayane : Quel constat faites-vous de la situation de la femme au Maroc ? Rachida Tahiri : La journée internationale de la femme est célébrée cette année dans un contexte tout à fait particulier. Un contexte marqué par des avancées significatives voire positives. Ainsi, la nouvelle Constitution, adoptée par la majorité des Marocains, a consacré le principe de l'égalité entre l'homme et la femme tout en interdisant la distinction entre les deux sexes. L'article 19 de la Constitution stipule dans ce sens que l'Etat marocain œuvre pour la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes et qu'il est créé à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination. Bref, le document constitutionnel met l'accent, notamment dans l'article 6, sur « la création des conditions permettant de généraliser l'effectivité de la liberté et de l'égalité des citoyennes et des citoyens, ainsi que de leur participation à la vie politique, économique, culturelle et sociale. Qu'en-est-il de la représentation politique de la femme ? Outre les dispositions constitutionnelles, la femme marocaine est devenue un acteur majeur dans tous processus électoraux. Personne ne peut mettre en cause son engagement et son combat quotidien pour la promotion des conditions de la femme. On peut même targuer qu'elle est la pourvoyeuse de toutes les dynamiques qu'a connues notre pays. L'intégration de l'approche genre dans l'élaboration des politiques publiques est méritoire. S'agissant de la représentation politique au niveau du parlement, on a passé de 10,4% à 17%. J'estime que c'est tout à fait positif. Mais, n'estimez-vous pas que malgré ces avancées, on a enregistré une certaine régression, notamment avec le gouvernement actuel ? Effectivement. Sans sombrer dans une approche pessimiste, il faut reconnaitre qu'on a enregistré un certain recul par rapport à la loi suprême de la nation qui est la Constitution. J'estime aussi que la décision du gouvernement s'inscrit aux antipodes des Objectifs du Millénaire pour le Développement. La mesure qui stiple que le 1/3 des postes de décisions dans les établissements soit confié aux femmes a été sacrifié pour des raisons incompréhensibles. Comment, selon vous, le gouvernement doit-il procéder pour pallier aux défaillances ? La réponse est simple. Le gouvernement a déjà sur la table une feuille de route adoptée par le gouvernement précédent. Il s'agit en l'occurrence de l'Agenda Gouvernemental pour l'égalité 2011-2015. Cet agenda est le fuit d'un travail de 25 départements ministériels. Il contient 30 objectifs stratégiques et 100 mesures. En termes plus clairs, l'agenda gouvernemental a pour objectif l'ancrage institutionnel de l'égalité de genres, l'accès équitable des filles et des garçons à un système éducatif de qualité et en même qualifiant, au service de santé, aux infrastructures de base, aux droits civils et à la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes. Aussi, il met l'accent sur l'égalité d'accès aux postes de prise de décisions et dans l'administration et la lutte contre les inégalités basées sur le genre concernant le marché de l'emploi