Depuis que la sonnette d'alarme a été tirée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les risques de cancer liés à la consommation des viandes transformées, notamment les charcuteries, la frénésie s'est emparée de la toile. Certaines associations végétariennes y ont vu l'occasion de promouvoir le culte des légumes. Pour l'Association nationale ovine et caprine (ANOC), il n'est pas question d'une interdiction formelle de la consommation des viandes, mais d'un appel à la modération. Selon Fenniri Ben M'Barek, président de l'ANOC, contacté par Al Bayane, l'OMS voudrait surtout appeler à une traçabilité parfaite dans le cycle de production, de vente et de consommation des viandes. Dans son rapport publié lundi dernier, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe les viandes transformées dans la catégorie des agents cancérogènes pour l'Homme. Le centre de recherche affilié à l'OMS s'est focalisé davantage sur les charcuteries en tant que principaux agents. A peine le rapport publié, des réactions et des peurs ont fusé en ligne. En Australie, gros producteur et exportateur de viandes, le parti conservateur a appelé «à ne pas dramatiser les conclusions du rapport». Surtout que le rapport de l'OMS n'a rien de nouveau puisqu'il est basé sur plus de 800 études préalables sur le sujet. «Je crois que ce que veut faire l'OMS c'est surtout d'attirer l'attention sur la nécessité du contrôle des viandes au moment du transport, de la consommation et de la vente. C'est de cela dont il faut d'abord parler», déclare notre source. «Si les viandes sont cancérogènes que doit-on manger donc ? Il y'a des gens qui n'ont pas accès aux poissons. Comment feront-ils ? C'est de la bêtise tout ça», assène notre source. «Je connais des gens qui ont mangé la viande jusqu'à l'âge de 110 ans sans avoir eu de cancer», lance notre source. Selon notre interlocuteur, ce rapport de l'OMS interpelle plutôt le Maroc sur la traçabilité dans la production, la vente et la consommation des viandes. «Malheureusement au Maroc, nous avons toujours un problème de traçabilité. Voilà pourquoi nous organiserons en décembre un salon international des filières viandes rouges et lait», confie-t-il. Même son de cloche chez le Dr Rebah, vétérinaire. «Ce dont il est question c'est l'hygiène de la marchandise, notamment en ce qui concerne la charcuterie puisque c'est une notion où on camouffle plusieurs choses, plusieurs substances et composantes, surtout les viandes séparées mécaniquement», explique-t-il. Contacté par le journal Al Bayane, le ministère de la Santé a assuré qu'il se prononcera très prochainement sur le sujet. Du côté de l'Office national de la sécurité et de la santé alimentaire (ONSSA), la réaction se fait toujours entendre. Selon le rapport de l'OMS, les produits de viande transformée épinglés par le rapport incluent, notamment les charcuteries, les lanières de bœuf, les viandes en conserve et les sauces à base de viande. Les viandes rouges sont quant à elles classées comme «probablement cancérogènes». Il ressort du rapport que la viande engendrerait surtout le cancer colorectal et, dans une moindre mesure, le cancer du pancréas et de la prostate. Selon les données d'une dizaine d'études, «chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18%, tandis que ce risque pourrait augmenter de 17% pour chaque portion de 100 grammes de viande consommée». Toutefois, le CIRC a déclaré ne pas savoir jusque-là comment la viande rouge et la viande transformée accroissent le risque de cancer. Les auteurs du rapport se sont également voulus prudents dans l'établissement du rapport. Ils ne recommandent pas une alimentation végétarienne et relèvent que les «régimes végétariens et carnés ont des avantages et inconvénients pour la santé».